Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Miroir opaque

Auteur Sujet: Miroir opaque  (Lu 1744 fois)

Hors ligne Elena

  • Tabellion
  • Messages: 27
Miroir opaque
« le: 30 novembre 2009 à 18:34:31 »
Je pense qu'il y a beaucoup de choses à modifier dans ce texte mais il me tient particulièrement à cœur...A vos plumes  ^^




Je suis à la dérive, je brise un tout puis un rien. On ne sait jamais, au cas où la déchéance pourrait choir un peu plus. Cœur raccommodé pour organes atrophiés. Des acheteurs ?  En quoi puis-je déranger vos regards trop sensibles qui pourtant admirent avec une cruauté sans égale les souffrances qui vous entourent ? Allez, allez, surenchérissez, vous qui aimez tant me regarder. Ce qui se passe en moi me fascine. C’est plus important que le reste. Que vous. Que moi. Mais je ne suis pas moi. Obscurité ensoleillée. C’est si bon de se vautrer dans son propre petit malheur. Je n’ai pas honte, certainement pas, je suis égoïste, un brin narcissique et affreusement égocentrique. Rien ne prévaut sur mon je. Jeu. Je me souviens que c’était simplement ça au départ. Maintenant… Maintenant je vous file la chair de poule et je vous fais nettement moins rire.
Il y a, ce soir, dans les rayons de la lune, une clarté blafarde des plus troublantes, une luminosité d’une beauté exquise.
 J’explore les limites impalpables de ma folie. Tout en ayant l’intime conviction que tout ça ira bien trop loin. Une rose blanche aux épines venimeuses. Correspondance trouvée. Touche, touche donc tu seras contaminé. C’est une jouissance sans fin que de parvenir à coller son désespoir aux mains malheureuses qui s’approchent de moi. Entendez-vous le même rire ? Celui qui résonne quand tout ce qui vous entoure semble tomber en poussière. Sur mes terres, il résonne sans fin. Écho. Je m’englue dans cette inconscience, comme une mouche prise dans la toile de l’araignée. Agite tes ailes et condamne toi encore un peu plus. J’ai grandi, non je refuse. Je n’ai pas le choix. Je refuse toujours. Va te faire foutre. Je suis Dieu. Je suis le diable. Je ne suis absolument rien. Et je vous emmerde tous.
Il y a, cette nuit, dans l’eau de ton bain, une teinte rouge des plus appréciables.
 J’ai ce visage rondement innocent qui permet de me frayer un passage en vous. D’un coup d’œil ingénu votre perte est signée. Ce qu’il fait chaud dans ce bain refroidi. Le cimetière de mes souvenirs est jonché de marbre brisé, de caveaux éventrés. Une main. Devenue squelette en sortant de son trou. Reste où tu es, ne m’approche plus. Tu ne m’aimes plus. Alors dégage. Et ne reviens pas. Sauf quand j’en aurai besoin. Ici, c’est la guerre. Si vous regardez bien dans le vert de mes yeux vous y verrez l’explosion des canons. C’est nul ça, je n’aime pas la guerre. Prends ta décision. Ou crève. Ça m’arrangerait. J’ai l’illusion d’une main sur ma cuisse. Brulante. Glaciale. Période glaciaire : refroidissement de la planète. Alors ce soir je serais une planète. Avec multitude de trace de vie. Maman, j’ai mangé des orties. Et maintenant je pique, je pique.
Il faut être humain pour vivre ici.
Ne cherchez pas à comprendre l’ode à la folie meurtrière, les plumes pourraient s’envoler lentement vers le soleil et consumer votre âme. Fil ténu qui vous relie à notre terre mère. Vous ne savez pas et pourtant vous comprenez tout. C’est comme un Crystal qui se brise, la fêlure est tout d’abord invisible, puis s’étend lentement avant de prendre possession et d’éclater en mille morceaux. J’ai les mains pleines de mousse de Crystal, de bulles joyeusement transparentes irisées. J’ai le dos qui glisse sur l’émail blanc de la baignoire, le menton, le nez, le front. Je disparais sous la surface de l’eau qui devient rouge, si rouge. J’ai la chair en lambeaux de mon âme. Un rire m’échappe dans une multitude de petites bulles qui éclatent à la surface. Je suis seule, je suis si seule que je m’ennuie dans cette foule de moi. Cessez de me regarder comme ça, je suis comme vous, identique. Tout autant que ces actes que vous commettez chaque jour. Vous me voyez folle ? C’est tout à fait ça. Je suis folle, aussi folle que vous êtes dérangés.
Je dégage le siphon de la baignoire et je m’assois sur le rebord, regardant avec fascination l’eau s’évaporer sous mes yeux. Et mon visage se tourne lentement vers la glace. Où se reflète celle que je ne suis pas. Bonsoir Elena. Celle qui porte le prénom féminin, contraste si fort avec cette voix masculine si puissante. Celle qui me réveille la nuit. Celle qui m’aime, qui me guide. Celle qui me tue.
C’est trop d’honneur que tu me fais là. Je ne suis que toi après tout.
 J’ai la peau si blanche et les veines si bleues. Mon sang serait-il bleu si je tranchais, juste là, au dessus de la main ? Dans le reflet de la glace je ne vois que ce monstre innommable. Pas de répit, non, pas de répit pour l’esprit déséquilibré. Pas une seule pause, juste une immense page blanche qui s’inscrit aussi vite que les secondes s’écoulent et s’égrainent. Est-ce le temps d’aller dormir ?
Regarde plutôt. Que fait cette lame de rasoir sur le rebord du lavabo ?
Elle n’était pas là tout à l’heure. Un signe. J’ai la peau glacée, les frissons courent sous mon épiderme à une vitesse vertigineuse. C’est pas moi, ce n’est pas vrai, j’ai rien fait. Il ne s’est rien passé, non, rien, rien. Bon d’accord, c’est vrai j’ai peut-être été un peu loin dans tout ça mais ce n’est pas moi qui ai commencé. Il m’a cherché, il m’a voulu, il m’a trouvé, on s’est trouvé et on s’est fait prendre. J’ai perdu tout ça. Et je l’ai retrouvé elle. Elena. Ce n’était rien au début, pas de prénom, pas d’apparence. J’avais cru un moment qu’elle avait disparu.
Idiote.
Oh oui. Naïve. Elle aussi m’avait trouvé, pourquoi serait-elle partie ? Elle a glissé ses mains dans les miennes, son inexistence à pris une substance. Elle a prit ma substance. Je ne mens jamais. Puisque tout ce qui sort de ma bouche est faux. C’est rarement moi qui parle. Quand c’est moi, je suis invisible. Quand c’est elle…tout change. Pendant un moment, cependant, j’ai existé par mon cœur libéré. Et puis tout s’est brisé. Ne touchez pas, c’est encore tranchant. Le palais des miroirs à la fête foraine. Une, deux, trois, quatre…Jusqu’à combien pourrez-vous me compter ? La lame de rasoir est dans ma main. S’y trouvait-elle avant ? Devant moi, toujours mon reflet. La seule différence c’est que ce n’est plus Elena. Qui est-ce ? Ce visage m’est familier…
Qui es-tu ?
Je suis toi. Je suis la menteuse invétérée, celle qui s’invente une vie pour ne surtout pas avouer qu’au final elle est simplement seule. Je suis celle qui ne sait pas ce qu’elle veut mais n’oserais jamais l’admettre. Qui fait des choix qui ne lui conviennent pas. Je fais ce que les autres pensent mais ne font pas. J’ai la langue fourchue et le cerveau fatigué de millions d’années d’existence. Je suis un éternel recommencement, la faille du système. Je mets les mots sur ce que tout un chacun peut ressentir une fois dans sa misérable vie. Je suis toi.
Pas tout à fait, non. Je te manipule comme je veux, si je décide que tu tueras quelqu’un, tu m’obéiras. Tu te réveilleras demain et plus rien ne se sera passé. Je suis un cauchemar, mais uniquement le tien. Et tu n’as jamais peur de moi.
Parce que je t’aime. Plaisir masochiste à ces pensées qui tourbillonnent et s’emmêlent confusément. Qui es-tu ? Moi. Ce visage dans le miroir…Je ne m’en souvenais plus, c’était perdu quelque part et je ne m’étais pas reconnue. Je soulève doucement ma main et caresse sur le matériau froid les contours du reflet. Non je refuse que ce soit moi ça. De l’autre main je pose la lame du rasoir sur le reflet du cou. Et je tranche net. C’est délectable de me voir me tordre de douleur, les deux mains sur la plaie qui saigne avec abondance. Tout ce sang. Il se répand, l’hémorragie est incontrôlable. Arrête de te débattre tu es condamnée à disparaitre.
Le miroir est complètement rouge. Je ferme les yeux. C’est si bon. De nouveau dans la glace je me vois. Elena. Oui c’est bien moi. Je suis là, je ne pars plus, je prends ta place, tu étais si fatiguée. Je suis ton paradis et ton enfer, le dieu que tu dois chérir et le diable dont tu as si peur. Je suis toi et moi. Nous. Je m’habille doucement et sort de la salle de bain, la peau encore un peu fripée par l’eau. Dans ma chambre il y a une douce torpeur qui règne, comme l’accueil chaleureux d’un vieil ami. Mon pc est encore allumé et la fenêtre de discussion instantanée est ouverte. Tiens. C’est étrange. Ce n’est pas mon prénom qui est inscrit ici. Effaçons cette erreur et corrigeons-là. E.L.E.N.A. Oui voilà c’est beaucoup mieux. Ça, au moins, c’est entièrement moi.
« Modifié: 01 décembre 2009 à 21:58:32 par Elena »

Verasoie

  • Invité
Re : Miroir opaque
« Réponse #1 le: 30 novembre 2009 à 18:55:55 »
Première impression : c'est un gros bloc, c'est dommage, faudrait aérer un peu  ;)

Citer
Cœur raccommodé pour organes atrophiés.

C'est joli

Citer
J’ai grandit, non je refuse.

J'ai grandi

Citer
Ce qu’il fait chaud dans ce bain refroidit.

refroidi

Citer
J’ai ce visage rondement innocent qui permet de me frayer un passage en vous.

Chouette idée !

Citer
de caveau éventré.

Je mettrais le pluriel, de caveaux éventrés

Citer
Une main. Devenu squelette en sortant de son trou.

Devenue

Citer
Reste où tu es ne m’approche plus.

"et" ne m'approche plus ? Ou alors, une virgule.

Citer
Maman, j’ai mangé des orties.

<3

Citer
Que fait cette lame de rasoir sur le rebord du lavabo.

Point d'interrogation ?

Citer
. Elle n’était pas là tout à l’heure. Un signe.

Bof, j'aime pas trop l'idée du signe

Citer
J’ai la peau glacé

glacée

Citer
Elle aussi m’avait trouvé, pourquoi serait-elle partie.

Point d'interrogation ?




C'est vraiment dommage que ce soit un gros bloc (y'a aussi le fait que tu aies centré le texte qui fait bizarre) parce que franchement il y a des éléments qui mériteraient que le texte soit mieux mis en valeur. Tu écris depuis combien de temps ? Tu sembles à l'aise, avec ton style à toi, il y a de tes phrases que je trouve très belles.

Pour "l'histoire", c'est marrant, j'avais écrit ou pensé à un truc semblable y'a 3-4 ans ^ ^. J'aime bien la chute. (Et puis ça fait plaisir de commenter quelqu'un qui commente d'autres textes.)

Hors ligne Elena

  • Tabellion
  • Messages: 27
Re : Miroir opaque
« Réponse #2 le: 30 novembre 2009 à 19:14:24 »
Merci, j'ai corrigé mes erreurs =)
J'ai apprécié ton cœur pour "maman j'ai mangé des orties", c'est ma phrase favorites n___n
Sinon j'écris depuis pas mal de temps maintenant même si je manque tellement de confiance en moi que je passe plus de temps à réécrire qu'à écrire réellement...Je me suis attaquée à un roman mais je modifie sans cesse et en ce moment j'ai de longue phase de page blanches =(
En tout cas merci cela me fait plaisir  :coeur:

Hors ligne ernya

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Re : Miroir opaque
« Réponse #3 le: 30 novembre 2009 à 20:01:06 »
Ce qu’il se passe en moi me fascine. 
ce qui, non ?
ou alors j'ai pas compris

Comme Vera, je pense que ça passerait nettement mieux en aérant. Tu veux pas faire des paragraphes ? Parce que tu écris de belles phrases, sauf qu'elles se perdent dans la masse des autres et de celles qui le sont un peu moins.
Personnellement, j'ai eu du mal à accrocher à cause de ça, c'est une longue logorrhée, on n'en voit pas le bout et au bout d'un moment j'ai décroché. C'est dommage parce qu'il y a de bons passages mais au bout d'un moment, je trouve qu'on s'essouffle. On peut pas prendre le temps d'apprécier la phrase à sa juste valeur. Tu vois ou pas ?
On peut toujours me rétorquer que le lecteur peut choisir de lire au rythme qu'il veut, mais pour moi, c'est au texte de dicter le rythme. Et là, je trouve que ça va trop vite.
Aérer, faire des pauses, je pense que ça mettra mieux en valeur cette longue tirade.

J'ai pas fait de relevé hyper minutieux, mais à des moments, j'ai l'impression que les phrases deviennent lourdes que c'est moins fluide et que ça passe un peu du coq à l'âne, vu le personnage c'est sûrement voulu, mais bon ça m'a quand même titillé.

Voili voilu, t'en fais ce que tu veux, mais franchement si t'aérais ça serait bien mieux ^^


"Je crois qu'il est de mon devoir de laisser les gens en meilleur état que je ne les ai trouvés"
Kennit, Les Aventuriers de la Mer, Robin Hobb.

Hors ligne Elena

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Re : Miroir opaque
« Réponse #4 le: 30 novembre 2009 à 20:14:27 »
Merci, je vais essayer de retravailler ça  :-[

Hors ligne Rain

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Re : Miroir opaque
« Réponse #5 le: 01 décembre 2009 à 21:42:26 »
Citation de: El
Je suis celle qui ne sais pas ce qu’elle veut mais n’oserais jamais l’admettre, qui fait des choix qui ne lui conviennent pas.
"sait" et "n'osera", plutôt, non ? Je trouve la phrase un peu lourde. J'aurais vu un point au lieu de la virgule, plutôt. La pause est un peu plus longue, et ça rajoute de l'impact à la deuxième partie.

Citation de: El
Ce visage dans le miroir…Je ne m’en souvenais plus
Un espace après les trois points.

Mis à part ça, idem que les autres question aération : c'est un peu rebutant et pas très esthétique de se retrouver face à un gros bloc. La chute est sympa, même si j'attendais un truc dans le genre depuis la deuxième phrase en italique. Enfin, je pensais que le personnage s'était taillé les veines, plutôt, mais bon, je suis pas passé loin  :mrgreen:

Bref, sinon, c'est pas trop le genre de texte dans lequel je rentre facilement, ou que j'arrive à comprendre tout de suite, je le relirai peut être plus tard. Mais là, j'ai réussi à ne pas décroché, ce qui n'est déjà pas si mal  :D J'ai noté quelques passages plus jolis que les autres, les trois notés par Vera notamment.

Citation de: El
J’ai l’illusion d’une main sur ma cuisse. Brulante. Glaciale. Période glaciaire : refroidissement de la planète. Alors ce soir je serais une planète. Avec multitude de trace de vie.Maman, j’ai mangé des orties. Et maintenant je pique, je pique.
J'adore l'enchaînement d'idées.

Heu, voilà. Au final, j'suis pas sûr d'avoir tout saisi (surtout pour le début du texte, en fait), mais ça devrait aller mieux si je le relis. J'ai un moment pensé que le personnage principal était un travesti aux personnalités multiples, mais j'en suis plus si sûr  :D Bref, à part ça, c'est un beau texte, bien écrit, j'ai bien aimé ^^
Perdu

Hors ligne Kathya

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Re : Miroir opaque
« Réponse #6 le: 08 décembre 2009 à 20:38:53 »
Une fois n'est pas coutume, je ne suis pas sûre d'avoir la bonne interprétation du texte...  :D

Il faut dire qu'avec les personnages à personnalités multiples je suis toujours un peu à côté de la plaque.

Je rejoins les avis précédents pour mendier quelques sauts de ligne. Je ne pense pas que le texte y perdrait de sa force ou décrirait moins bien les pensées désordonnées du personnage, mais lire des pavés sur un écran c'est un peu éprouvant à la longue.

J'ai beaucoup aimé toute la première moitié du texte, où les phrases se font écho.
La fin et la chute m'ont paru plus convenues, moins profondes. 

Mais très joli texte en tout cas.  :D
"Je suis la serveuse du bar Chez Régis ! Ou un leprechaun maléfique barrant l'entrée d'un escalier imaginaire..."

Et puis la Nuit seule.
Et rien d'autre, et plus rien de plus.

Avant l'hiver, Léa Silhol

 


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