Après une très longue période d'absence et de non-écriture intensive, me voilà qui essaie de revenir. J'espère que mon manque de pratique ne ressortira pas trop.
Rebonjour à tous, et merci de votre patience à mon égard.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Brille du plus fort que tu peux pour que tout se taise, pétille, étoile légère, que l'on ne voit jamais le bris de tes sourires, que l'on n'entende rien du bruit de tes viscères ; voile de tous ces mots que l'on bredouille sans peine et sans courage, de toutes ces danses qui te maquillent, les figures que tu conserves, les airs que tu ne fredonnes qu'à l'oreille de cette essence fragile.
Déguise-toi de lumière pour étouffer les ombres, jeune fille, tu es un spectacle ; grime ce qui d'ordinaire se grave, que les jours glissent, que le temps passe, sans que jamais n'émergent de toutes ces choses qui te gercent, de tous ces gens qui te tracent, que des sourires vernis d'absence.
Alors farde-toi, petite étoile, les vents sont délétères et les pluies corrosives, la dérive qui te guette porterait tes ruines en pleine lumière ; garde-toi, et ces souterrains qui te sillonnent, et ces choses qui s'inscrivent peu à peu à ta grammaire, à ces couleurs timides qui ne voient jamais que la clarté de tes angoisses ; garde-toi tant que tu mens à tes sourires, tant que tu endures l'écume qui te ronge jusqu'à l'os – que tu t'étranges silencieusement, sans savoir de quoi demain te fera.
Alors déguise-toi, ton être et tes apparences, encore et encore, et deviens à toi-même ton seul et unique traître, deviens à toi-même cette brutalité solitaire, intime, qui essore tes regards et tes viscères. Dénude-toi, jeune fille, que l'on n'ait d'yeux que pour ton éclat, que pour tes splendeurs, que des cicatrices nous ne voyions plus rien que d'éphémères pâleurs.
Déshabille ton être, maquille tes fêlures, arrache-toi à tous ces cœurs comme à autant de figures ; deviens parfaite, complète, une dans les soubresauts de la lueur, une dans tous les mirages qui s'hallucinent à la surface de ton épiderme ; deviens qui tu n'es pas, qui tu ne veux pas être, que s'oublie à tout jamais le peu d'espérance, le peu de rêve qui hante encore cette carcasse étouffée d'innocence.
Jeune fille, musèle-toi, enchaîne-toi aux apparences qui te dissimulent – ce monde n'est pas le tien, ce monde n'est qu'un peu plus qu'un petit rien ; alors danse sur son dos, vis du bout de tes peaux, et peut-être un jour que ce noyau précaire, que cet être frêle qui te colore de tous les noirs de la lumière, saura se faire une place au soleil, parmi toutes les mâchoires ensanglantées qui arpentent ce petit morceau d'univers. Déguise-toi de lumière que l'ombre se pardonne.