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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » [Théâtre] Le vent sans les voiles

Auteur Sujet: [Théâtre] Le vent sans les voiles  (Lu 3881 fois)

Hors ligne Champdefaye

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[Théâtre] Le vent sans les voiles
« le: 01 octobre 2017 à 09:26:37 »
Avertissement
Ce "Vent sans les voiles" est ma deuxième (et restera probablement ma seconde) expérience théâtrale. La première fut cette tragédie néo-grecque dont le titre n'est pas resté dans toutes les mémoires : "Homéotéleute et Polyptote". Sans doute bien trop ambitieux et bien trop en avance sur son époque, mon Homéotéleute n'a pas été accepté par un public cramponné à ses habitudes culturelles qui le ramènent inexorablement aux vaudevilles, comédies de boulevard, duos comiques  et autres âneries non subventionnées.
Il veut du théâtre de boulevard, le Public ? Eh bien, je vais lui en donner, moi, du théâtre de boulevard. Voici donc "Le vent sans les voiles", comédie en cours d'écriture pour un nombre variable de comédiens en un nombre indéterminé d'actes, de coups de théâtre et de scènes de ménage.

Je déclare formellement ici que je ne me sens tenu par aucune contrainte relative à la logique, la vraisemblance, le respect des bonnes mœurs et de la syntaxe. Je tiens également à préciser que je ne garantis pas que cette œuvre aura une fin, ou même qu'elle ira au-delà de la première scène du premier acte.

Vous êtes prévenu : vous qui entrez ici, quittez tout esprit critique et éteignez vos smartphones. Merci d'avance.
Henri Ratinet

 
LE VENT SANS LES VOILES

Comédie en gestation et quelques actes

par Henri Ratinet

Liste (provisoire) des personnages

-Henri, auteur dramatique

Acte I - Scène I

Un salon néo-bourgeois-bohème. Côté cour, une porte style western donne sur la cuisine. Au centre, une porte à deux battants ouvre sur une entrée et sans doute sur le reste de l'appartement. Côté jardin, une grande fenêtre. Au beau milieu de la scène, contre la rampe, faisant face aux coulisses, un bureau des années 50. Sur le bureau, un MacBook ouvert dont l'écran est allumé. Le reste du mobilier, canapé, table haute, table basse, fauteuil, chaise, bibliothèque, télévision sera de styles divers. Aux murs, un grand plan du métro de New-York dessiné au rouge à lèvres, et quelques autres œuvres contemporaines. Quand le rideau s'ouvre, c'est le petit matin. La scène est vide. A travers la porte fermée, on entend un homme qui parle fort. Il est en colère :

HENRI

—Eh bien pars, si tu veux, pars, qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Fiche le camp, retourne chez ta mère, tu lui donneras bien le bonjour de ma part à la Madone de Villetaneuse ! Ou mieux, va chez ton connard de frère, comme ça vous serez deux à emmerder le monde…

On entend une porte qui claque violemment.

—…non mais sans blague !

Henri entre par la porte centrale : pieds nus, jeans usés et T-Shirt NYPD trop grand, quarante ans, voulant en paraitre trente. Henri referme vivement la porte en répétant plus doucement :

—Non mais sans blague…

Il hésite, traverse lentement la scène, va jusqu'au bureau, effleure le clavier de l'ordinateur, puis va jusqu'au canapé où il se laisse tomber face au public en poussant un grand soupir.

—Ouf !... Seul... Enfin seul ! Il était temps qu'elle s'en aille, bon sang, j'aurais fini par lui taper dessus. Non mais vous vous rendez compte, cette emmerdeuse ! Ça fait combien de temps au juste qu'elle m'emmerde comme ça ? Et d'abord, ça fait combien de temps qu'on est ensemble ? Quatre ans ? Cinq ans ? Je ne sais plus, moi...  Voyons, c'était à l'anniversaire de Patrick. Oui, mais quel anniversaire déjà ? Ah, ça y est, je sais ! Ses trente-cinq ans ! C'était à l'anniversaire de ses 35 ans. Et comme j'ai le même âge que Patrick, ça va donc faire cinq ans qu'on est ensemble, Sylvie et moi. Et donc, ça doit bien faire quatre ans qu'elle m'emmerde. Quatre ans… Non, peut-être pas quand même, mais ça doit bien faire trois ans, trois ans et demi…

Henri se lève et va jusqu'au bureau. Il effleure à nouveau le clavier du MacBook puis se met à marcher de long en large.

—Non, parce qu'au début, avec elle, c'était plutôt chouette. Très chouette même. Je me souviens, c'était chez Patrick, au Ferret. J'étais là depuis la mi-juin pour essayer de finir ma deuxième pièce. Les conditions idéales : la maison sous les pins, les pieds dans le sable, le bateau, tout ça… Mais je n'y arrivais pas. Je n'arrivais pas à écrire. Bloqué, quoi ! Et puis il y a eu l'anniversaire de Patrick. Grandiose, l'anniversaire, comme d'habitude. Champagne, homard, disc-jockey, des filles bronzées partout, pas trop de mecs. Grandiose, quoi. Et puis elle est entrée dans le jardin, entre Bernard et France, encore toute pâle, toute blanche. Elle arrivait tout juste, toute timide, jolie comme un cœur, l'air fragile. Elle venait de passer son bac… Non pas son bac, quand même. C'était le concours d'entrée aux Beaux-Arts, je crois, ou au Conservatoire, ou un truc comme ça, je sais plus. Enfin, de toute façon, elle était toute jeune, elle ne connaissait personne. Une proie facile, en somme. L'été, le champagne, l'océan, le sable tiède... Tout ça s'est passé très vite... mais très doucement quand même, comment dire ? très naturellement, ... gentiment… c'est ça… gentiment…

Il reste songeur quelques secondes

—Mais voilà, c'était le dernier jour de juillet et je devais partir le lendemain. C'était vraiment dommage. Alors j'ai fait la bêtise de lui proposer de rentrer à Paris avec moi, et cette cloche, elle a accepté. Je dis cette cloche, mais j'étais bien content quand même.

La première nuit à Paris, elle l'a passée chez moi. Et puis, vous savez ce que c'est, de fil en aiguille si j'ose dire, elle s'est installée. Elle est allée chercher sa petite valise, et puis, petit à petit, elle s'est mise à ranger l'appartement, à remplir le frigo, à acheter des fleurs, des bougies, des tas de petits trucs comme ça. Moi, ça ne me dérangeait pas, j'étais même plutôt content de plus manger du jambon-cornichons tous les jours. Et puis un jour, elle a dit qu'il faudrait que j'achète une machine à laver le linge. Là, j'aurais dû faire gaffe. Patrick m'avait prévenu. Il m'avait dit : "Tu verras, quand elles commencent à vouloir un lave-linge, ça devient dangereux. Si tu l'achètes, t'es foutu. La machine à laver la vaisselle, ça va encore, mais le lave-linge, t'es foutu." Fais gaffe, mon vieux, qu'il disait Patrick, fais gaffe ! Mais j'ai pas fait gaffe. C'est humain, non ?

Et puis, j'étais bien. On sortait un peu, je travaillais beaucoup, je lui lisais des scènes, elle me disait "j'aime, j'aime pas". Elle me donnait des petits conseils, "tu devrais …, ça serait peut-être mieux si…" Ses idées n'étaient pas si mauvaises... pour une femme, je veux dire. Ça avançait bien. C'est même elle qui a trouvé l'idée de la chute. Et le titre, aussi, le titre : Traderidera. Vous vous rendez compte ? Traderidera ! Ça veut rien dire ! Y a qu'une femme pour trouver un truc comme ça. Mais le plus drôle, c'est que ça a marché. Un triomphe ! La pièce a été le succès de l'année. Même Télérama a dit que c'était tout à fait visible. Visible ! … Bande de connards !  En tout cas, j'étais devenu d'un coup un auteur à succès, et ce n'était que ma deuxième pièce. J'ai écrit la troisième dans la foulée : "Après vous" Vous vous souvenez d'Après vous ? Ça a bien marché. Pas autant que Traderidera, mais quand même pas mal. Maintenant, j'étais un auteur confirmé, un auteur solide avec lequel on était sûr au moins de passer une bonne soirée. C'est d'ailleurs bien pour ça que vous êtes là ce soir, hein ? Pour voir une bonne vieille pièce d'Henri Ratinet, la quatrième de ce bon vieil auteur à succès, le Vent dans les Voiles.

Bon, maintenant, il faut que je vous dise : il y a un problème… la pièce...le Vent dans les Voiles, eh bien… elle n'est pas finie. Enfin, disons qu'il lui manque juste la fin… enfin disons la fin du troisième acte… et le milieu aussi… Bon, mais j'ai les deux premiers actes fin prêts, hein ? Enfin disons, fin prêts dans ma tête… En tout cas, ils sont presque entièrement rédigés, le premier surtout…

Ben oui, qu'est-ce que vous voulez, j'y arrive plus, moi. Je veux dire : je n'arrive plus à écrire. Elle est tout le temps-là, à me tourner autour, à me dire qu'il faudrait que je m'occupe un peu d'elle, qu'elle voudrait aller au cinéma, au restaurant, qu'il faudrait qu'on parte en vacances, qu'on aille voir sa mère, et puis son frère aussi, celui qui est podologue à Amiens. Vous vous rendez compte ? Podologue à Amiens ! Qu'est-ce que j'irais faire à Amiens ? Chez un podologue en plus ? Et un sacré emmerdeur de surcroit. "Non", je lui ai dit "pas d'Amiens". Bon, on est quand même allé à Amiens, et aussi voir sa mère à Villetaneuse. Mais tout ça, ça prend du temps. Et entre la mère intégriste et le frère podologue, moi je n'arrive pas à écrire. Ça ne sort plus, plus du tout. Et puis, le comble : hier soir, voilà qu'elle me demande de lui faire un enfant. Moi, un enfant ?  "Quoi, je lui dis, un enfant ? Mais je suis bien trop jeune pour ça". Alors, elle me dit : "Henri, tu vas avoir quarante ans dans un mois". Alors ça, ça c'est un coup bas ! Moi, je me suis mis en colère, forcément. Alors, elle est partie se coucher en pleurant. J'ai bu un coup et je me suis dit "demain, ça ira mieux". Mais, le lendemain matin, elle a remis ça. Elle voulait un enfant. Moi, gentil, je lui ai dit d'attendre un peu, qu'un jour, plus tard dans deux ou trois ans, bientôt… Mais non ! Elle voulait un enfant, maintenant, tout de suite. J'aurais peut-être pas dû… mais je voulais juste détendre un peu l'atmosphère, moi ! Je lui ai dit : "Si tu veux un enfant tout de suite, c'est simple, tu n'as qu'à en adopter un ! Un petit Colombien, tiens, il parait qu'il y  a un arrivage..." Alors elle s'est mise vraiment en colère. Elle m'a traité de salaud, elle a pris sa petite valise, elle l'a remplie de n'importe quoi et elle a claqué la porte. Et voilà…

Henri se tait, hausse les épaules et se dirige encore une fois vers le bureau. Il s'assied et se renverse dans le fauteuil transparent en s'étirant.

—Aaah…seul, enfin seul…je vais enfin pouvoir écrire tranquille, quand je veux, comme je veux, au lit, dans la baignoire, dans la cuisine, habillé, ou tout nu. Là, je vais la finir ma pièce. Et pas plus tard que tout de suite, Mesdames et Messieurs ! Vous allez voir ce que vous allez voir : devant vous, l'artiste au travail.  Vous allez assister à un exercice de virtuosité hors du commun, du jamais vu, M'sieurs-Dames ! Approchez, approchez… Allez, je commence !

Henri se penche en avant, redresse un peu l'écran du MacBook, relit quelques lignes en fronçant les sourcils, réfléchit, tape quelques mots, réfléchit à nouveau, se lève, sort vers la cuisine, revient avec une bière à la main, s'assied à nouveau, se relit. Puis il tape frénétiquement d'un seul doigt sur le clavier. On comprend qu'il efface ce qu'il vient d'écrire. Il réfléchit encore, tape trois ou quatre mots, s'arrête et finit par replier l'écran sur le clavier. Puis il laisse pendre ses bras le long du corps. Son buste s'incline en avant et son front vient heurter l'ordinateur replié. Il reste immobile.
Noir­

« Modifié: 26 janvier 2020 à 11:37:21 par Champdefaye »

Hors ligne elodie janssens

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  • Barbouilleuse de papiers
Re : Le vent sans les voiles
« Réponse #1 le: 01 octobre 2017 à 11:46:52 »
Pour quelqu'un qui qualifie le vaudeville et autres d'âneries sans subventions... je trouve que tu as du talent dans ce répertoire !

Citer
un grand plan du métro de New-York dessiné au rouge à lèvres
j’aime bcp ce genre de détails
Citer
chez tonconnard de frère
manque un espace
Citer
quarante ante ans
je ne connais pas ce chiffre ;)
Citer
Non, peut-être pas quand même, mais ça doit bien faire trois ans, trois ans et demi…
Là je me marre !
Citer
Elle venait de passer son bac… Non pas son bac, quand même. C'était le concours d'entrée aux Beaux-Arts, je crois, ou au Conservatoire, ou un truc comme ça, je sais plus. Enfin, de toute façon, elle était toute jeune, elle ne connaissait personne. Une proie facile, en somme. L'été, le champagne, l'océan, le sable tiède... Tout ça s'est passé très vite... mais très doucement quand même, comment dire ? très naturellement, ... gentiment… c'est ça… gentiment…
Je trouve ses petits monologues très bien menés, réaliste, naturels et presque touchants malgré son manque crucial d’intérêt pour ce qui concerne la fille
Je ne connaissais pas le coup du lave-linge
Citer
il faut que je vous dise : il y a un problème… la pièce...le Vent dans les Voiles, eh bien… elle n'est pas finie. Enfin, disons qu'il lui manque juste la fin… enfin disons la fin du troisième acte… et le milieu aussi… Bon, mais j'ai les deux premiers actes fin prêts, hein ? Enfin disons, fin prêts dans ma tête… En tout cas, ils sont presque entièrement rédigés, le premier surtout…
très drôle

à quand l'acte 2? (s'il y en a un bien-sur)

Hors ligne Hermeline

  • Calligraphe
  • Messages: 113
Re : Le vent sans les voiles
« Réponse #2 le: 01 octobre 2017 à 18:40:12 »
Toujours autant de plaisir à te lire, merci. Quelle verve !
"Le poète est professeur d'espérance" V. Hugo

Hors ligne Champdefaye

  • Calame Supersonique
  • Messages: 2 478
  • L'éléphant est irréfutable
    • Le Journal des Coutheillas
Re : Le vent sans les voiles
« Réponse #3 le: 01 octobre 2017 à 21:18:15 »
Bonsoir Elodie Janssens,
Et d'abord merci pour le signalement des coquilles, que j'ai aussitôt corrigées.
Pour ce qui est du plan de métro de New York, je ne l'ai pas inventé, j'en ai vu un comme ça dans une galerie. C'était d'ailleurs très beau.
Par contre, le coup fatal du lave-linge, c'est de moi. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais le lave-linge, plus que le lave-vaisselle, me semble engager le couple. Peut-être que laver ses slips ensembles créé des liens plus solides que de les porter au Lavomatic du coin.

Merci Hermeline,
pour tant d'enthousiasme.
J'ai déjà plusieurs moutures de la scène II, mais aucune ne me plait vraiment pour le moment. Il va falloir attendre un peu.


Hors ligne kodimx87

  • Tabellion
  • Messages: 30
Re : Le vent sans les voiles
« Réponse #4 le: 01 octobre 2017 à 23:41:45 »
J'ai beaucoup aimé. Le texte est simple que les dialogues sont naturels. Il est plus facile de s'imaginer les scènes.

Hors ligne Champdefaye

  • Calame Supersonique
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    • Le Journal des Coutheillas
Re : Le vent sans les voiles
« Réponse #5 le: 02 octobre 2017 à 23:52:47 »
Merci  kodimx87,
j'espère ne pas te décevoir pour la scène II, mais c'est pas sûr du tout.

Hors ligne vinksdarkso

  • Troubadour
  • Messages: 370
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Re : Le vent sans les voiles
« Réponse #6 le: 04 octobre 2017 à 10:18:30 »
Je ne suis pas habitué à lire du théâtre mais j'ai trouvé le monologue brillant dans le sens ou ta science du langage "parlé" est totalement maîtrisé. A ce que j'ai compris, c'est une sorte de mise en abyme d'un auteur à succès qui écrit une scène sur son propre manque d'inspiration après que sa femme l'est largué, du coups on a envie de lire la suite ou de venir admirer la scène dans un théâtre mais je craint que ça ne soit pas possible.

Bravo et merci pour la lecture !
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Hors ligne Champdefaye

  • Calame Supersonique
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Re : Le vent sans les voiles
« Réponse #7 le: 04 octobre 2017 à 18:06:58 »
Bonsoir Vinkdarkso
C'est effectivement une mise en abime que j'espère pouvoir exploiter, mais pour une pièce de théâtre, il faut plusieurs personnages, quelques actes, des tas de scènes, quelques situations et retournements. Or, avant de l'écrire, je n'ai pas beaucoup réfléchi à la suite à donner à ce premier acte, ce qui fait que je suis aujourd'hui dans une situation difficile. Comment justifier que l'auteur écrive son texte alors que des acteurs le jouent en même temps ? J'ai bien une idée, mais je ne crois pas pouvoir tenir plusieurs actes avec elle. D'où mon avertissement en début de texte. Enfin, on verra bien.
Merci pour ton commentaire.


 


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