Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

28 mars 2024 à 08:26:43
Bienvenue, Invité. Merci de vous connecter ou de vous inscrire.


Le Monde de L'Écriture » Salon littéraire » Salle de débats et réflexions sur l'écriture » Littérature expérimentale

Auteur Sujet: Littérature expérimentale  (Lu 10457 fois)

Nocte

  • Invité
Littérature expérimentale
« le: 05 août 2017 à 07:22:52 »
Je vois que le terme ressort souvent ces temps-ci, alors causons.
Qu'est-ce qui définit une littérature expérimentale, qu'est-ce qu'elle n'est pas ?
Toute littérature ne comprend-elle pas un aspect expérimental inhérent à la singularité de l'auteur, ou l'appelation n'est-elle réservée qu'à des plumes en particulier qui se réservent le droit de casser les codes ? Une démarche non-expérimentale peut-elle être considérée comme étant expérimentale malgré elle, ou l'auto-proclamation est-elle nécessaire ? Quoi qui cou pourquoi, etc. Causez.

Hors ligne Alan Tréard

  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 7 249
  • Optimiste, je vais chaud devant.
    • Alan Tréard, c'est moi !
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #1 le: 05 août 2017 à 11:40:14 »
Ouais, moi, j'aimerais bien qu'on fasse une liste des textes qu'on considère expérimentaux sur le forum !
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

milena-owein

  • Invité
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #2 le: 05 août 2017 à 12:12:14 »
Pour moi un texte expérimental se caractérise par une rupture volontaire avec des codes linguistique et/ou narratif cohérente avec la démarche artistique de l'auteur.

C'est jargonneux mais je développe :
-Ce n'est pas faire n'importe quoi, n'importe comment pour n'importe quelle raison.
-C'est faire une chose habituellement non admis, volontairement, dans le but de dire ou montrer une chose qu'on ne pouvait exprimer par les codes classique de la langue ou de la littérature.

-Ce n'est pas détruire pour détruire, cassé un code par simple défit, parce que celui là n'aurait jamais été détruit.
-C'est cassé un code pour donner corps à une vision. En gros il faut avoir la vision d'abord et casser les codes par nécessité pour donner corps à cette vision.

Et pour moi, toute écriture est expérimental : toute écriture qui n'aurait pas pour vocation de faire mieux que ses prédécesseurs ou de remettre en question les codes établie est vaine selon moi (et perd beaucoup de qualité rien qu'en ayant pas ces ambitions). Mais par littérature expérimental ont entend souvent une branche assez extrême de la littérature où même les codes les plus fondamentaux d'une oeuvre sont bousculer (pas d'intrigues, pas de personnages, pas de péripéties, règles de syntaxe ignoré)

Hors ligne Milora

  • Trou Noir d'Encre
  • Messages: 11 001
  • Championne de fautes de frappe
Re : Re : Littérature expérimentale
« Réponse #3 le: 13 août 2017 à 10:33:58 »
Je suis d'accord avec les réponses de Milena ! Je vois pas trop quoi ajouter du coup ^^


Ouais, moi, j'aimerais bien qu'on fasse une liste des textes qu'on considère expérimentaux sur le forum !
Bonne idée !
J'ajoute :
- Lettre à Monsieur N. - Aube
- Danse lumière - Kailiana
- Je suis - Kailiana
- La base de la tranquillité - Zach (pour la disparition de la ponctuation)
- Pas mal des (vieux) textes de Lo/Loredan
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

Hors ligne Dr. Krieger

  • Plumelette
  • Messages: 19
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #4 le: 13 juin 2018 à 23:01:51 »
Deux suggestions de lecture dépourvues de commentaire superflu :

La Maison des feuilles, de Mark Z. Danielewski
L'infinie Comédie, de David Foster Wallace


Hors ligne Aléa

  • ex Ben.G
  • Clochard céleste
  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 9 207
  • Veilleuse de nuit
    • Polygone Portail
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #5 le: 13 juin 2018 à 23:18:36 »
Citer
La Maison des feuilles, de Mark Z. Danielewski
j'en ai pas mal entendu parler, j'ai vu le principe et tout, il faut absolument que je me le procure ^^
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

Hors ligne B.Didault

  • Prophète
  • Messages: 680
  • L'éternel néophyte
    • Bernard Didault
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #6 le: 28 juin 2018 à 07:04:12 »
Désolé de venir me glisser au milieu de ce ciel étoilé !

Par curiosité – qui est la principale caractéristique d’un vrai néophyte professionnel – j'ai entre-ouvert ce fil pensant y trouver une discussion ardue que j’aurai du mal à suivre (c’est du masochisme intellectuel, mais vu mon niveau littéraire ce ne peut être que cela).
Voyant le seul commentaire sur le sujet, venant de milena-owein (1), je pensais, moi la friche littéraire (2), avoir enfin trouvé une nouvelle source d’apprentissage.

Oh tristesse ! Oh désespoir ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette boulimie… de titres.

Attention ! Je ne dis pas que vos suggestions soient sans intérêts.
Comprenez ! J’attendais une discussion…

Après cette courte introduction  :-¬?, laissez-moi insérer un lumignon de pensée en rebondissant sur le commentaire de milena-owein.

Il faut tout d’abord savoir si l’on écrit pour partager des idées et qu’elles soient comprises.
  • Si oui, alors, comme le démontre Umberto Eco dans Les Limites de l’Interprétation, nous écrivons pour que le lecteur s’imprègne et suive l’idée de l’auteur.
  • Si ce n’est que pour éjecter des idées sans soucis de leur interprétation, ni de leur pérennité, alors je suis d’accord avec milena-owein.
Toutefois j’apporterais un hiatus dans son raisonnement.
Au moins un code est nécessaire ; la ponctuation.
Mon point de vue est que cette ponctuation à la même utilité que des instruments dans un orchestre… elle en donne le rythme et met en valeur la musique.
 La valeur des mots est la signification qu’on veut leur donner. Imaginons une partition de Mozart jouée par un orchestre sans aucun instrument. Après Mozart, même le silence est de Mozart, mais avant ???

Merci d’avoir eu la patience de lire jusqu’ici les élucubration d'un ancien  :ned:

P.our S.avoir :
(1) Je profite de cette exposition à plusieurs anciens : Que signifie le statut d’Invité ? (Merci de répondre par un message personnel)
(2) J’ai promis à une très chère amie professeure de lettre de ne plus utiliser « Inculte Littéraire ». Pour moi ce n’est pas une tare, juste une évidence, et… je ne sais vraiment pas mentir.
Bernard
- La poésie est un art, une belle aventure, la dentelle de l’écriture.
- La haine est le venin de l’amour,
  Le sarcasme est celui de l’humour.
Page Personnelle (Indiscrétions, Textes et Poésies)

Hors ligne Alan Tréard

  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 7 249
  • Optimiste, je vais chaud devant.
    • Alan Tréard, c'est moi !
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #7 le: 19 février 2019 à 19:53:09 »
Mon cher Bernard, ton inventivité me surprendra toujours...

Quand je regard le parcours des différents membres sur le forum, je vois que pour certains l'expérimentation peut être une période, un passage vers autre chose, et peut également rester un lieu de l'exercice voire l'envie de recréer leur style avec une grande inventivité.

Mon cher WEG, les années passants, je me rends compte aujourd'hui de la profondeur de ce questionnement que tu proposes et quelque part son intemporalité, il y a un quelque chose de profond dans le sentiment d'exercer l’inattendu, un sujet qui perd son souffle puis reprend sa place progressivement, telle révolution qui s'exerce en chacun de nous, j'y retrouve alors mon propre regard sur la lecture de ces recherches stylistiques.
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

Ashka

  • Invité
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #8 le: 19 février 2019 à 19:59:50 »
@B.Didault:
Citer
Après Mozart, même le silence est de Mozart, mais avant ???
Avant aussi, dans le silence d'avant il y a la préparation à l'arrivée de Mozart.  ;)
« Modifié: 19 février 2019 à 20:01:47 par Ashka »

Nocte

  • Invité
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #9 le: 19 février 2019 à 20:14:33 »
C'est un peu dommage que ce^ce soit transformé en fil de recommandations, alors qu'à la base ce devait une discussion ouverte.
Mais bref.

Léilwën

  • Invité
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #10 le: 19 février 2019 à 21:06:08 »
Je rejoins assez Miléna dans sa définition... Pour moi, quand on me dit "littérature expérimentale" j'associe ça à "cassage des codes" (codes établis et admis comme "norme" : grammaire, ponctuation, conjugaison, orthographe) dans un but d'exploration - surtout pour exprimer au-delà de la barrière des mots, ou aussi pour "expérimenter" l'effet sur divers lecteurs. Enfin, il y a une recherche de l'auteur quoi^^.
Quand on me dit "expérimental", je m'attends à être surprise d'une manière ou d'une autre.

Concernant l'auto-proclamation, je ne sais pas trop... J'imagine que chaque auteur étant unique, dans l'absolu, chaque écriture est expérimentale pour ses lecteurs à un niveau plus ou moins marqué.
Pour mon cas personnel, j'ai souvent besoin d'explications pour savoir face à quoi je me trouve, du coup sur les textes non extrêmes dans leur part expérimentale (=ceux pour lesquels les codes ne sont pas cassés de manière extrême telle que même moi je ne puisse pas douter du caractère expérimental), j'ai besoin que l'auteur me dise "ce qui paraît bizarre dans ce texte est fait exprès".

Voili voilou, je ne sais pas si j'ai bien répondu à ton interrogation de base ?
D'ailleurs, tu n'as pas donné ton ressenti à toi là-dessus !  :-\

:oxo:

Hors ligne Alan Tréard

  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 7 249
  • Optimiste, je vais chaud devant.
    • Alan Tréard, c'est moi !
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #11 le: 19 février 2019 à 21:10:20 »
Je rejoins Léilwën dans ses questionnements, ça m'interroge moi aussi.

Et ton avis m'intéresse sur le sujet, mon cher WEG.
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

Nocte

  • Invité
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #12 le: 29 avril 2019 à 13:17:49 »
J'ai pas un avis arrêté sur la question, c'était plus par curiosité que j'ai ouvert le fil.
Mais globalement je rejoins un peu Milé.

Hors ligne LamEmm

  • Tabellion
  • Messages: 38
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #13 le: 02 mai 2019 à 16:44:10 »
Citer
Qu'est-ce qui définit une littérature expérimentale, qu'est-ce qu'elle n'est pas ?

Je dirais qu'une littérature peut être qualifiée d'expérimentale dès lors qu'on expérimente quelque chose de nouveau à travers elle. Expérimenter, c'est essayer des choses : tenter des mélanges hasardeux, rompre des règles établies, réouvrir un chemin considéré comme définitivement fermé... Et je dirais que ça suffit - essayer -, peu importe le résultat. Dans l'expérience, c'est l'intention qui compte, pas le résultat. Si toutefois au bout du compte il se trouve qu'on obtient quelque chose de satisfaisant - à ses yeux d'abord, puis pourquoi pas à ceux des autres, une espèce de validation littéraire de la communauté, à l'instar d'une validation scientifique au travers d'une publication dans un ouvrage de référence -, c'est tout bénéf.

Par conséquent, la littérature expérimentale ne doit pas être classique, c'est-à-dire qu'elle ne doit pas utiliser les codes actuellement en vigueur - support, genres, procédés narratifs, forme du langage, ponctuation...

Ceci étant dit, je pense que "littérature expérimentale" représente un terme subjectif. Mon expérience à moi est différente de celle de mon voisin, et lui aura peut-être déjà lu/écrit d'une manière que moi je n'ai pas encore explorée. Par conséquent je peux juger ma production comme expérimentale - et elle le sera, j'ai réellement vécu ceci comme une expérience -, quand pour lui ma prose ne sortira pas des voies classiques. Et c'est encore plus vrai si on remplace "moi/mon voisin" par "les auteurs français contemporains/le reste du monde".

Citer
Toutefois j’apporterais un hiatus dans son raisonnement.
Au moins un code est nécessaire ; la ponctuation.
Mon point de vue est que cette ponctuation à la même utilité que des instruments dans un orchestre… elle en donne le rythme et met en valeur la musique.
 La valeur des mots est la signification qu’on veut leur donner. Imaginons une partition de Mozart jouée par un orchestre sans aucun instrument. Après Mozart, même le silence est de Mozart, mais avant ???
Comme tu le dis, la ponctuation donne un rythme (et parfois un sens !) à l'expression écrite et orale. Mais retirer la ponctuation, ce n'est pas faire silence, c'est juste rompre avec le rythme que l'on utilise habituellement. Et cette technique peut donner de jolies choses (Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal en est un bon exemple je trouve, et d'ailleurs n'est-ce pas de la littérature expérimentale ?).
---
Le sommet n'est qu'un passage.

Hors ligne Miléna

  • Calliopéen
  • Messages: 568
    • Page Perso
Re : Littérature expérimentale
« Réponse #14 le: 02 mai 2019 à 17:27:18 »
Toutefois j’apporterais un hiatus dans son raisonnement.
Au moins un code est nécessaire ; la ponctuation.
Mon point de vue est que cette ponctuation à la même utilité que des instruments dans un orchestre… elle en donne le rythme et met en valeur la musique.
 La valeur des mots est la signification qu’on veut leur donner. Imaginons une partition de Mozart jouée par un orchestre sans aucun instrument. Après Mozart, même le silence est de Mozart, mais avant ???
Alors là je suis pas du tout d'accord ><
Au contraire c'est hyper intéressant de voir comment on se met à écrire quand on décide de retirer la ponctuation.

Fabrice Melquiot a écrit quelques pièce de théâtre sans ponctuation (notamment "Kids" que je recommande vivement) : il utilise les retour à la ligne pour marquer les pauses qu'il considère le plus indispensable. Ca donne à son texte un aspect très poétique. Je crois que je n'ai jamais lu aucune pièce de théâtre dont les dialogue respire autant l’authenticité.

Ensuite, il n'y a pas de ponctuation à l'oral, on ne parle pas en ponctuation, on parle par rythme et par syntaxe, ce qui est très différent.

Jusqu'au 15ème siècle l'usage de la ponctuation en français était très différent. Jusqu'au 13ème siècle c'était le vers qui faisait office de ponctuation (il marquait entre ses bornes les principaux éléments syntaxique). Avec l'arrivé de la prose, c'est les coordination qui on été utilisé pour marqué la principales structure syntaxique et ça donne des construction tout à fait fascinant.

Pour ma part, je crois que si je dois écrire des chansons ou des poèmes je n'emploierais plus de ponctuation ou alors le stricte minimum. Je trouve que ça dénature tellement la spontanéité du vers, ça force à s'arrêter sur la structure syntaxique d'une phrase alors que des vers peuvent parfaitement s’enchaîner en étant uniquement structurer par les strophes et la rime.

On peut faire tellement de chose quand on sort des carcan du classique et de l'académie française ><

 


Écrivez-nous :
Ou retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :
Les textes postés sur le forum sont publiés sous licence Creative Commons BY-NC-ND. Merci de la respecter :)

SMF 2.0.19 | SMF © 2017, Simple Machines | Terms and Policies
Manuscript © Blocweb

Page générée en 0.023 secondes avec 19 requêtes.