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29 mars 2024 à 11:51:46
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Le Monde de L'Écriture » Salon littéraire » L'antichambre de l'édition » Indépendace sociale ou économie alternative ?

Auteur Sujet: Indépendace sociale ou économie alternative ?  (Lu 6083 fois)

Hors ligne Kanimp

  • Calame Supersonique
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Re : Indépendace sociale ou économie alternative ?
« Réponse #15 le: 14 juin 2017 à 15:43:30 »
Écoute Kanimp, ta vision néfaste du livre ne me fait vraiment pas du tout rire.

Tu vois la prescription auprès des jeunes éditeurs avec un tel cynisme que cela m'horrifie.
Le seul truc que j’ai détaillé c’est quelques techniques d’une multinationale.

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De nombreuses maisons d'édition ont suivi ce conseil que tu donnes avec une bonne dose d'autorité : elles ont coulé. Faire croire à un éditeur qu'avec cinquante précommandes super faciles à trouver (pour chaque auteur...), la vie suit son cours, c'est carrément du grand n'importe quoi.
Quelle autorité ? J’essaye de traduire en trucs économiques ce que tu racontes. En expliquant le pourquoi de chaque pièce.
Mais ce coups-là si tu confonds la partie analyse et la partie mise-en-œuvre. C’est mal parti.

Citer
Il ne faut plus voir l'éditeur comme une machine à produire du livre, mais comme un acteur fondamental des réseaux qui animent l'économie du livre.
L’éditeur comme acteur fondamental des réseaux a pour rôle social d’animer l'économie du livre.
Mais pour ce faire, il produit des livres car c’est sa raison sociale.
Peu importe celui qui lâche tout le monde fini au chomdu.

Citer
Vas-tu spammer tous les débats sur le sujet avec ton schéma « rentabilité=1 faillite=0 » ??
De quelle rentabilité parles-tu ?
Celle des gros éditeurs qui jettent les livres qui ne font pas assez de fric.
Ou celle du petit éditeur, que s’ils n’en  tiennent pas compte a fini journée ?

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Ton petit descriptif de comment faire des précommandes de cinquante livres me fait penser aux patates, tu leur dis : « Si tu vends cinquante patates, tu survis ; si tu vends cent patates, c'est le paradis ! »
J’ai quand même pris le temps de très détailler le soir plus avant.

 
Citer
Tu ne vois pas à quel point instaurer une confiance est devenu difficile, et ne sais pas pourquoi c'est devenu difficile. Lutter face à la concurrence de Hachette et de Gallimard avec un argumentaire similaire au leur, c'est mission impossible !
Parce que le public visé par ces petites entreprises rejette Galimard et compagnie.
En se présentant à leur public de la même que leurs concurrents, leur public les identifie comme tel et les dégage pareil.

C’est ce que je t’avais répondu dès le premier poste.
« Instinctivement, si l’on veut s’affranchir du système actuel, il faut le faire complètement et ignorer les concepts de statu. » 

Qui part la suite est devenu :
« Où faire comme dans le system marketing actuel, mettre une étoile sur un truc qui ne se vend pas pour le vendre. Je ne suis pas convaincu de l’intérêt.”

Citer
Si nous ne laissons pas aux maisons d'édition la liberté de donner un autre visage au livre, nous allons tuer un métier pour de bon. Si nous réduisons chaque maison d'édition à son taux de bénéfices, nous donnons la médaille de l'exemplarité à Gallimard et Hachette.
Pour Gallimard et Hachette les livres qui ne font pas rentable ne font pas de bénéfice.
Ces livres sont justement ceux nécessaires à la petite édition. (C’est une raison possible pour l’échec de la publicité à l’identique.)

Pour rappel, je ne vise pas le bénéfice, mais le seuil de rentabilité ce qui équivaut à viser un bénéfice et perte nuls.

Citer
Si tu habitues les jeunes éditeurs à voir les livres comme des patates, tout ce que tu fais, c'est que tu enterres tout espoir de réussite ; qui plus est en proposant un modèle qui ne fonctionne pas (tout le monde le sait).
Sauf erreur de ma part, tout éditeur qui dépose le bilan n’a pas atteint le seuil de rentabilité.
Il y a fort à parier qu’on lui a conseillé de prendre des risques, d’innover, sans vérifier au préalable s’il avait les moyen financier de subir l’échec.

Citer
Oui, la théorie a des conséquences sur les actes ; habituer l'éditeur à considérer le livre comme devant répondre à des besoins est essentiel ; tu ne remplaceras pas un éditeur par un service d'auto-impression motorisé, cela ne pourra pas aboutir.
Cela s’appelle l’édition à la demande et est déjà opérationnel. D’où l’importance en tant qu’éditeur de livre à x (milliers) d’exemplaires de ne pas proposer ce type de livre.

Citer
Je le connais bien, moi, le modèle que tu imagines. Tu véhicule un discours teinté de rationalisme et qui autorise tous les abus, un discours du « c'est comme ça, il n'y a rien d'autre à comprendre... » Un modèle où l'on envoie des milliers de personnes sur le terrain avec des consignes extrêmement restrictives et uniformes. Un modèle qui soi-disant est une référence incontournable, et qui produit une « hiérarchisation naturelle » entre les bons numéros et les mauvais. Un modèle dont on devient un paria si l'on n'en respecte pas les codes et obligations. On sait pertinemment qu'on les envoie au casse-pipe, or on se dit qu'il y en aura peut-être un ou deux qui survivra, et on fera d'eux les grands vainqueurs (qui ont bien fait de suivre les conseils du chef !). On instaure une référence : le bénéfice, et l'on lance alors la belle et grande compétition dans laquelle il est aisé de tricher tant qu'on obéit au chef ! Ainsi, on n'oublie de dire que par la même occasion on laisse à n'importe qui la liberté de prescrire quelle maison d'édition est un bon enfant, et quelle maison d'édition est méchante.
Quel est le rapport avec l’édition de livres ?


Citer
Pire encore tu dois comprendre que c'est le même discours que le tien qui est à l'origine de la crise actuelle du livre. On a tellement banalisé le marché du livre (en le réduisant à des succès – faillite – zéro – un) que cela a rendu l'opinion presque insensible à la mort de tout un tissu hérité d'années de créativité. On laisse mourir ses propres racines, et l'on s'apprend à en souffrir dans le silence. On pense que cela sera sans conséquence... On ne sait pas quel désastre cela va produire. Cela semble convenir à tous les imbéciles et aux illettrés, mais également à l'éditeur dominant, le grand vainqueur. Crois-tu vraiment que je travaille aussi sérieusement sur un sujet fondamental pour avoir l'air de faire quelque chose ? Ce n'est pas la question d'être « abattu, déprimé, tracassé car cette année encore, il n’arrivera pas à atteindre l’objectif qu’il s’est fixé, » c'est la question de tout un secteur de la culture, de la pensée et de la mémoire qui a été bousillé à cause d'un discours néfaste.
Le domaine culturel et pas seulement le livre n’est pas rentable. C’est pour cela que dans l’ancien système l’état prenait ce domaine à sa charge. Car c’était le seul acteur qui pouvait le faire.
Ce secteur laissé vacant par l’état de petites maisons le reprennent et tombent en faillite comme des mouches.
Donc il n’y a pas d’autre solution que produire ce que l’on peut en visant le seuil de rentabilité seule garant de la perpétuation du système.

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En t'attaquant à la réputation d'un « homme en faillite », Kanimp, en réalité tu t'attaques à la réputation de toutes ces maison d'éditions qui ont coulé, de tous ces auteurs qui ont vu la fin de leur publication, les maisons d'édition mettant la clé sous la porte. Est-ce vraiment l'estime que tu as de toutes ces activités perdues ? de tous ces parcours détruits parce que l'on était incapable de surmonter la crise ?

Et le jour où l'État français sera en faillite, le traiteras-tu avec autant de mépris et de haine ?
Je ne comprends, je n’ai attaqué la réputation de personne.
Je comprends encore moins ce que la dette suzeraine qui relative à la domination de population vient faire dans l’édition de livres.
 
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Sache que ce n'est pas l'éditeur qui fait le livre, ni le lecteur, mais l'auteur. Je te conseille de revoir ta considération de l'auteur, au moins pour te rendre capable de lui confier des conseils un minimum utiles pour sa profession. Sache que l'auteur peut se rendre plus intransigeant que d'autres. Dis-toi même qu'il existe des auteurs sans pitié, malgré les apparences ! L'auteur est aujourd'hui en capacité de dire de quel livre il souhaite pour demain, et ne compte pas s'en priver.
Puisque l’auteur fait le livre. Pourquoi se préoccuper d’un éditeur ?

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L'un des reproches que l'on pourrait faire de tes prises de parole, c'est que tu véhicules une vision anxiogène du livre. Quand on veut vendre un produit, on lui donne de la valeur, chose dont tu ne vois pas l'utilité concernant le livre. Tu conçois l'économie comme une machine qui fonctionne avec du pétrole, or tu sembles ignorer que l'un des facteurs majeurs de l'économie, c'est la confiance. Gagner la confiance des lecteurs passe-t-il réellement par des menaces et des humiliations ? ou passe-t-il plutôt par un discours de tolérance et de sécurité ? Si tu amènes les éditeurs à perdre confiance en eux, tout comme les auteurs, tu bousilles un secteur tout entier. Ta vision du livre est anxiogène. Ne demande pas à un auteur de faire du chiffre, ne le demande pas non plus à un éditeur, ils ont des enjeux bien plus essentiels à traiter. L'autre facteur fondamental pour l'économie, c'est l'enthousiasme. Avec une vision comme la tienne où il faudrait à la fois faire la chasse aux gros capitalistes et aux auteurs désobéissants, la chasse aux éditeurs indépendants et aux discussions sur le livre, tu peux être sûr et certain que les dégâts encourus seront gigantesques.
Moi je suis bien plus pragmatique que cela. J’attends la révolution.

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Je ne pense pas qu'il est utile de montrer que tu as tors, mais je ressens cependant le besoin de te demander de ne pas t'attaquer à moi quand je fais une proposition concernant l'économie du livre.
Quand t’ai-je attaqué ?


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Tu sembles dire que tu défends l'idéologie socialiste ; laquelle ? Celle de Valls ou de Hamon ?
Je défends un système économique socialiste qui a pour vocation d’améliorer le bien-être de tous. Je ne défendrais jamais une idéologie politique qui se dit socialiste qui a pour essence de maintenir des gens dans la précarité pour conserver son électorat.
Surtout que ces dernières années ils sont passés maître dans l’art pour l’augmenter.

Concernant Valls, je ne sais pas si c’est un fasciste né ou un arriviste de première qui joue au facho.
Concernant Hamon, il est passé tellement vite qu’à part qu’il soit photogénique, je ne sais rien de lui.

Si j’ai l’occasion je ferai un poste sur la vision que j’ai d’un système économique.

Citer
Je te demande pardon, en tant qu'auteur habitué aux sujets politiques et philosophiques, je devrais naturellement percevoir l'idéologie que tu défends ; pourtant rien à faire, je ne vois pas où tu te places dans la continuité de la pensée moralisatrice. Dis-moi, que faut-il penser ?
Je suis le grain de sable.

Citer
Cela n'a l'air de rien, pourtant cela change tout ! Que penses-tu de la culture, avant même de parler de son économie ?
La culture c’est tout ce que nous sommes :
Nos Traditions. Notre Histoire, ce que nous mangeons. Ce que nous aimons ou rejetons comme matériel culturel et qui pour la plupart des choses ne sont pas forcément économiques. Souvent elles le deviennent.

Citer
En ce qui concerne ma prétendue faillite, je ne sais pas trop à quoi elle fait référence, mais sache que mes conseils concernant le livre ont plutôt été suivis et satisfaisants jusque lors. Sache également que nombreux sont celles & ceux qui font appel à moi pour leur travail d'écriture ou de promotion du livre.
Peut-être qu’ici nous parviendrons peut-être à nous comprendre.
Dans la chaine du livre.
Nombreux sont celles & ceux qui font appel à moi pour leur travail d'écriture (Alan)
Impression des livres (Kanimp)
Nombreux sont celles & ceux qui font appel à moi pour promotion du livre. (Alan)

Nous sommes dans la même chaînes, mais pas au même endroit.

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Hors ligne Alan Tréard

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Re : Indépendace sociale ou économie alternative ?
« Réponse #16 le: 15 juin 2017 à 02:00:19 »
Bon, je dois dire que je ne regrette pas d'avoir engagé cette conversation avec toi, car elle m'amène à constater une problématique gravissime : plus personne n'est en capacité de bien identifier ce qu'est le travail d'un éditeur !

Et j'en tire une conclusion toute aussi inquiétante : je suis dans l'échec ! Moi, auteur, dont le job est justement de donner une forme sémantique à une identité, à lui apporter tout son sens, je n'ai pas été en capacité de te transmettre ce qu'est ce métier qui est pourtant un sujet fondamental sur le Monde de l'Écriture. Je ne sais pas où j'ai bien pu commettre une erreur, j'en suis désolé ! Je dois bien essayer une nouvelle fois en espérant rendre hommage enfin à ce métier qu'est l'édition.

Oublions l'impression, c'est une infime partie du travail de l'éditeur, concentrons-nous sur les tâches professionnelles qui font d'un éditeur un acteur essentiel de la chaîne du livre.

D'abord, le métier d'éditeur, c'est de dynamiser l'information. Sans un acteur pour donner son importance à un livre ou à l'autre, il n'est pas possible de stabiliser le marché. Chaque publication d'un livre doit permettre de mettre en perspective les différentes opinions, les différents regards ou les savoirs. L'information aussi possède une valeur, d'autant plus lorsque celle-ci tombe entre les mains de qui en a besoin. Lorsqu'un auteur va dans le sens contraire d'un discours dominant, l'éditeur s'empare de ses textes et les véhiculent là où l'on n'en aurait à priori pas eu l'idée. L'éditeur est également en capacité de connaître un milieu, et de lui proposer une littérature dans sa continuité. Il faut bien comprendre qu'un livre en tant que tel, créé par un auteur dans un contexte socio-économique, politique ou culturel, a peu de chances de voyager. Les réseaux éventuels de l'auteur vont dans la continuité de ses écrits : le temps qu'un auteur passe à mener l'enquête ou à travailler son roman, à revoir ses vers ou à se documenter sur un sujet, il ne peut pas l'employer à rencontrer des acteurs du livre qui n'iraient à priori pas dans son sens, ou font partie d'un milieu similaire au sien mais éloigné.

C'est l'habileté d'un éditeur d'aller rechercher des lecteurs où l'on ne les attend pas, car avant même la relation avec un libraire, il y a une multitude de lieux où la lecture prend sa place et son sens.

L'éditeur est également en capacité d'organiser des rencontres ou des événements, il sait s'informer sur qui recherche des lectures et dans quel genre.

Dynamiser l'information, cela signifie que l'éditeur se rend capable de renforcer l'accessibilité à un livre en lui donnant des atouts : le catalogue, dont tu parlais, mais également les relations presse, les salons littéraires, les événements thématiques ou les clubs de lecture. L'éditeur doit connaître son réseau comme sa poche, avec qui apportera quelle valeur au livre (valeur dans le sens qualité du livre, avantage à se le procurer, pas valeur dans le sens du prix, entendons-nous bien !). On devient éditeur, dès lors qu'on est porteur d'une multitude d'informations. On doit comprendre son environnement et ses influences. L'éditeur sait également qui dans son réseau détermine la compatibilité du livre avec les demandes habituelles, et cela pour chaque demande. Là où l'auteur s'est inscrit dans une démarche d'écriture et a rencontré ses lecteurs en fonction de cela, l'éditeur a eu tout le temps de prendre contact avec d'autres acteurs du livre ou des institutions (c'est selon l'éditeur).

On doit voir l'éditeur comme un carnet d'adresses en constante évolution, avec la fonction et l'aspiration de chaque individu répertorié.

Je vais même aller plus loin, si le travail de l'éditeur est reconnu dans sa capacité à proposer une première fois un livre qui dynamise l'information (soit l'opinion, la connaissance ou l'idée que l'on a d'un sujet), il renforce son réseau pour les prochains livres. Si un éditeur propose cinquante mauvais livres aux mauvaises personnes, il perd très vite en crédibilité. Il doit être reconnu comme apportant sa part à l'information concernant le marché du livre et l'actualité.

Il est garant d'un savoir relatif à ses réseaux et au quotidien des lecteurs.

Par ailleurs, l'éditeur garantit une trajectoire au livre ; chose que ne peut pas faire un auteur. Ce n'est pas le tout d'avoir un bouquin dans les mains, il faut que son identité se construise dans le temps. Dis-toi qu'un auteur peut mettre un an voire plus plongé dans son travail d'écriture, il est bien difficile pour lui de se sortir de ce travail lorsque vient la sortie du livre. C'est la raison pour laquelle l'auteur peut rapidement être confronté à une paralysie concernant la promotion de son livre, difficile pour lui de faire la séparation entre cette année d'écriture et le temps pour la promotion. Que le livre reste en mouvement est d'une importance fondamentale, même lorsque sa vente se fait dans le temps. L'éditeur joue un rôle majeur dans la stratégie de promotion du livre, et le développement d'une continuité entre la publication et la rencontre, entre la forme du livre et l'avis qu'on s'en fera. Si l'éditeur voit qu'un livre surprend, il aura tout intérêt à jouer de cette surprise pour accompagner le livre. Si l'éditeur voit qu'un auteur aime les clubs de lecture, l'éditeur aura tout intérêt à chercher dans son catalogue ce qui correspond le mieux à l'auteur.

L'éditeur s'assure non seulement qu'il y a eu une utilité à sortir le livre, que cela répond à des besoins, mais également que sa promotion aura une utilité dans le cheminement parcouru.

Un livre, tel qu'il est écrit, peut recevoir une multitude de tournures ou de commentaires, passer d'une main à l'autre, être considéré violent quelque part et considéré par la même occasion passif de l'autre, jouer le jeu d'un camp contre l'autre malgré les prévisions inverses ; c'est à ce moment-là que l'éditeur joue un rôle majeur, car il se rend capable de saisir l'instant présent pour préserver l'avancée de la promotion du livre. On ne peut pas empêcher un livre d'aller dans un sens inattendu, mais on se doit de relancer les discussions à son sujet lorsque celles-ci s'essoufflent. L'éditeur est en capacité de faire une distinction avancée entre deux livres d'un même genre, que c'en soit par le propos ou par les thématiques abordées. Un auteur isolé est bien incapable de maîtriser cet aspect du livre, tant il s'est impliqué dans le processus d'écriture.

Sans l'éditeur, il n'y a plus de « marché du livre » tel qu'on l'entend.

Tout le monde le devine ! Les libraires aiment les éditeurs qui savent maintenir une ligne jusqu'au bout, et qui ne manquent pas d'inventivité pour orienter les ventes lorsque celles-ci paraissent dévier de leur ligne initiale.

Contrairement à un simple imprimeur, l'éditeur affirme l'inventivité littéraire. Pourquoi ? Parce que l'imprimeur n'a pas de prise sur les contenus, et qu'il est identifié comme tel. On dit de l'éditeur qu'il valorise des auteurs, qu'il fait vivre le livre. L'éditeur se voit très vite assumer un rôle décisionnaire, on lui incombe un choix plutôt qu'un autre, on lui attribue une tendance qui lui colle à la peau.

Un éditeur qui ne courrait qu'après l'argent se verrait très vite dévalorisé, au risque de voir ses ventes chuter. On attribue à l'éditeur un rôle de prise en main, comme s'il prenait ses responsabilités. S'il y a un livre qui prend des risques, on attribue à l'éditeur un choix affirmé. Il devient alors celui qui pose un modèle et en est tenu pour responsable. Il affirme l'inventivité littéraire parce qu'il lui attribue un sens, une identité.

Faire un geste posant un livre comme étant une référence, ce n'est pas sans conséquence.

Par principe, c'est ce travail de construction d'une ligne qui peut amener l'éditeur à imprimer les livres plutôt d'une façon que de l'autre ; mais ne nous mentons pas, restreindre les capacités d'impression d'un éditeur, c'est le condamner à l'invalidité ; car quand bien même il verrait un intérêt à imprimer l'une de ses publications en cinq cents exemplaires, sa société se trouverait immédiatement en état d'instabilité sans même avoir de sécurité.

L'éditeur renforce la créativité littéraire dès lors qu'il l'intègre dans son réseau. Le secteur de la culture est aujourd'hui ce qu'était l'agriculture au Moyen Âge, un secteur en plein développement, subissant les crises sans savoir y échapper, instable par nature ; cela ne nous empêchera pas d'innover. C'est l'éditeur qui fera les prochains livres, car il fait ceux de l'actualité. Tant qu'il se rend responsable de ce travail, il apporte une sérénité à tout un secteur d'activité.

Par ailleurs, on doit pouvoir comprendre que de se résoudre à la mort des éditeurs n'est pas un choix mesuré, c'est un aveu d'échec. N'allons pas empêcher celles & ceux qui veulent construire autre chose de le faire !

Pour en revenir à ton idéologie, celle du grain de sable, elle me rappelle ces empereurs romains qui se voyaient chuchoter à l'oreille : « Souviens-toi que tu n'es qu'un mortel. »

Cela ne me dit pas si tu est stoïcien ou autre ; en revanche, ce que je peux t'affirmer, c'est que je suis humaniste. Vois-tu mon intérêt à voir la culture sous son plus beau jour ? Et qu'en tant qu'humaniste, je défends l'idée que tout être humain a le droit à un peu de considération, même s'il est en faillite. Je ne considère pas qu'identifier un individu à un grain de sable soit très constructif, c'est même déshumanisant.
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

Hors ligne Kanimp

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Re : Indépendace sociale ou économie alternative ?
« Réponse #17 le: 15 juin 2017 à 14:46:14 »
Bon, je dois dire que je ne regrette pas d'avoir engagé cette conversation avec toi, car elle m'amène à constater une problématique gravissime : plus personne n'est en capacité de bien identifier ce qu'est le travail d'un éditeur !
Je te remercie grandement pour les explications que tu as données.

Et j'en tire une conclusion toute aussi inquiétante : je suis dans l'échec ! Moi, auteur, dont le job est justement de donner une forme sémantique à une identité, à lui apporter tout son sens, je n'ai pas été en capacité de te transmettre ce qu'est ce métier qui est pourtant un sujet fondamental sur le Monde de l'Écriture. Je ne sais pas où j'ai bien pu commettre une erreur, j'en suis désolé ! Je dois bien essayer une nouvelle fois en espérant rendre hommage enfin à ce métier qu'est l'édition.
Pas tant que cela j’ai pensé la même chose. Nous sommes tous les deux des auteurs engagés. Hormis, le monde de l’édition que je ne connais pas trop ou du tout. Sur pas mal de points nous sommes sur la même ligne directrice. C’est juste que tu utilises la manière idéologique et moi la fonctionnelle. Là où de mon côté j’ai échoué. Je ne suis pas parvenu à te faire changer de niveau.

Cela ne me dit pas si tu est stoïcien ou autre ; en revanche, ce que je peux t'affirmer, c'est que je suis humaniste.
Moi je désire juste un futur pour mes enfants dans une Belgique avec un avenir. Je tiens mes propos et actions en conséquence. Par contre, la définition de la terminologie de l’idéologie que je suis supposé suivre, m’indiffère complètement. Je perçois cette terminologie comme une mise en boîte qui s’applique à tout le monde. Résultat, un sujet ne peut être discuté que par certaines boîtes. Aucun débat ne peut être mené entre deux boîtes aux conceptions des choses antagonistes. Résultat le sujet sera débattu par deux groupes de discussions, un par boîte. Mais dans le monde réel, un sujet ne peut être modifié que par une volonté générale et donc le résultat d'un débat entre deux boites antagonistes.

Donc notre système ne se modifiera jamais (objectif atteint par ceux qui instaure la communautarisation sans être limitatif) car les boîtes à force de discuter entre celles de même idéologie n’ont que l’impression de changer le système.

Selon  moi, il faut casser cette mécanique des boîtes pour amener les gens à discuter entre eux.
(Ce que je fais partiellement en l’identifiant)

Vois-tu mon intérêt à voir la culture sous son plus beau jour ?
Je n’en ai jamais douté et je suis entièrement d’accord avec toi.

Et qu'en tant qu'humaniste, je défends l'idée que tout être humain a le droit à un peu de considération, même s'il est en faillite.
C’est toute la différence qu’il y a entre nous. Défendre une idée c’est bien, la concrétiser c’est mieux.
Particulièrement dans ce cas-ci.
Car cela consiste à résoudre une conséquence d’une conséquence et non la source du problème.

Il est clair qu’un SDF doit être considéré, c’est un être humain comme un autre. Il ne m’empêche que notre système ne peut pas en créer.

Le combat principal à mener est celui contre le système qui créé des SDF. Sans renier, le fait qu’il faut défendre leur dignité et pas que sur le plan intellectuel.

C’est ici que la mise en boîtes montre toute son efficacité et sa dangerosité.

Une boîte « criminelle » dénigre les SDF et même une autre les attaque physiquement.

Une boîte « samaritaine » les défendent les SDF aussi bien sur les plans de la dignité humaine et de l’intégrité physique.

Une boîte « raison » va s’opposer au système pour l’empêcher de créer des SDF.

Résultat la boîte « samaritaine » va entrer en conflit avec la boîte « raison » car elle ne les différencier pas de la boite « criminelle » car pour la boîte « samaritaine » les SDF ont le droit d’exister.
À contrario, la boîte « raison »  ne va pas comprendre la farouche opposition de la boîte « samaritaine » à leur encontre et pire ne comprendra pourquoi elle est assimilée à la boîte « criminelle ».

C’est le vieil adage « diviser pour mieux régner », mais aujourd’hui il est arrivé à un tel niveau. Que le détecter par un nombre significatif de personne en devient presque impossible.

Cette mécanique des boites repose aussi sur une autre instaurée il y a quelques années.

Ce que Georges Orwell appelle la novlangue, que tu connaitras certainement mieux sous son verrou  de sécurité pour empêche de s’y opposer « le politiquement correct ».

Cette conception des choses est très simple à manier et s’est instauré comme suit :

Les termes chômeur, balayeur jugés péjoratifs ont été remplacé par « demandeur d’emploi » et « technicien de surface ». À l’époque cela m’avait rendu hors de moi à car cela n’améliore en rien le quotidien de ces individus.

Ce qui a été mis en place à cette époque (à raison) est maintenant utilisé pour améliorer le bien-être des individus par le vocabulaire et non par matérialisation physique dans leur vie quotidienne (ce qui était ma crainte initiale).

Ce qui est important de souligné c’est que le livre s’affranchi des deux mécaniques précitées.

Je ne considère pas qu'identifier un individu à un grain de sable soit très constructif, c'est même déshumanisant.
Ce point m’inquiète, car il signifie que même les expressions symboliques ne sont plus comprises et à fortiori par l’altération du langage.
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Je te demande pardon, en tant qu'auteur habitué aux sujets politiques et philosophiques, je devrais naturellement percevoir l'idéologie que tu défends ; pourtant rien à faire, je ne vois pas où tu te places dans la continuité de la pensée moralisatrice. Dis-moi, que faut-il penser ?
Je suis le grain de sable.
Symboliquement un grain de sable grippe une mécanique. Cela peut être négatif ou positif suivant la mécanique concernée ou son rôle.

Le « où je me place dans la continuité de la pensée moralisatrice ». Question auquel je n’ai absolument rien compris. En répondant être « un grain de sable », je m’en affranchi et récupère mon libre arbitre.
Ce qui a mon sens est valorisant.
Et n’a rien à voir avec un grand de sable perdu dans la masse d’autres sur une plage.
Qui effectivement est dénigrant car un individu est alors une quantité négligeable.

Constations pratique : Je trouve que les gens réagisse trop sur les mots d’une phrase et non le sens de celle-ci. Auquel cas la symbolique fonctionne encre mais pas dans toutes les conditions.

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Hors ligne Alan Tréard

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Re : Indépendace sociale ou économie alternative ?
« Réponse #18 le: 15 juin 2017 à 23:53:57 »
Bon, j'aurais pris plaisir à prolonger ce débat philosophique avec toi, mais je pars en voyage pendant quelques temps, je t'invite éventuellement à en discuter avec les autres.

Tu dis ce que tu penses être le plus concret et positif, j'en ai conscience, or sache que j'ai pour habitude de questionner nos certitudes et nos croyances. Parfois, on met en place un modèle que l'on pense viable et juste, et l'on prend finalement conscience qu'il crée des inégalités ; le doute prend alors toute sa place dans sa capacité d'étude et d'anticipation.

Entre la volonté individuelle, ce que l'on aimerait pour les autres ou pour soi-même, et la volonté collective, il y a le dialogue. Tant que ce temps d'expression n'est pas permis, on persiste chacune & chacun dans l'infertilité et la confrontation. Si écrire n'est pas fait pour innover, quelle utilité cela a-t-il ?

Je crois avant tout que nous avons fondamentalement besoin de nous rendre capables de constater le risque, et de prendre le soin de n'écarter aucune issue ; le monde se transforme et notre regard également.

Si j'ai pris le temps de mener ces recherches sur l'économie du livre indépendant, c'est tout simplement parce que mon enquête sur l'apparente paralysie de ce marché m'a amené vers ce domaine et son incroyable inventivité.

En ce qui concerne le sujet du livre, j'aurai l'occasion de revenir dessus prochainement, je n'ai pas fini d'en apprendre, et je ne doute pas que la situation finira par changer ; on a atteint un seuil limite de tolérance, la machine a toutes ses raisons de se remettre en route et la stabilité de s'imposer. J'ai tendance à cacher la gravité de la situation pour ne pas paniquer les acteurs du livre ; bénéficiant d'informations très inquiétantes, je me contente d'évoquer ce qui pourrait changer avec l'espoir que cela suffise à éveiller les consciences.

La profession d'auteur n'est plus entre les mains de véritables professionnels, c'est peut-être l'une des causes de toutes nos inquiétudes.

Tu as soulevé plusieurs points importants concernant la considération du livre et du métier d'éditeur, on devrait s'habituer à en parler sur le forum, car les lieux de discussion diversifiés où la parole inhabituelle est autorisée ont cette vertu de construire un autre regard pour les uns comme pour les autres. Nous constituons une démarche, nous en faisons une force et une identité. Je pense que beaucoup de monde est concerné par cette conversation que nous avons eue, et qu'il y a une véritable richesse à la mener de long en large.

Pour ma part, j'ai de nombreuses responsabilités, et mon silence sur un sujet d'une telle gravité s'apparenterait à un crime terrible ; j'aspire à apporter des points de vue constructifs et optimistes.

Ah ! Pour terminer dans l'humour et la bonne humeur : Je te remercie de me faire changer de niveau, le fonctionnel que tu tends à m'inculquer semble prendre racine à force de répétitions et de douleurs, cela m'a appris à considérer que deux et deux pouvaient tout à fait faire cinq !

Et je pense que je peux enfin dire :
LA LUTTE EST TERMINÉE.
J'AI REMPORTÉ LA VICTOIRE SUR MOI-MÊME.
J'AIME BIG BROTHER.
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

 


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