Julien Barthélémy
« C'est impossible de voir leurs visages, ils... ils sont à quelques dizaines de mètres ! »
J'imagine que votre première interrogation, en voyant un titre aussi gros pour un nom aussi banal, sera de vous demander : « Mais c'est qui ce Julien Barthélémy (bordel) ? », même si vous êtes familier avec son univers. Question légitime. C'est vrai, quoi de plus banal et de plus oubliable que julien Barthélémy ?
Eh bien ça n'a pas grande importance, car sous ce nom aux apparences trompeuses se cache une vile machination de l'auteur pour traiter une formation en S en le faisant passer pour un personnage en J. Parce que je ne vais pas vraiment m'intéresser à Julien Barthélémy, non, ou alors très épisodiquement. Ou plutôt si, mais pas exactement. Vous suivez ?
Pour faire simple, on va ici s'intéresser au groupe dont ce fameux Julien Barthélémy est le créateur, compositeur, principal auteur et interprète mais aussi le dessinateur et en particulier aux personnages créés et interprétés par Julien Barthélémy (comme quoi je ne vous ai pas totalement entourloupé), accompagné de Stéphane Bellenger et Jean-Paul Michel.
Je dis accompagné parce qu'en fait c'est ce Julien qui est à la base de tout. Mais c'est quoi ce « tout » que vous vous demandez sûrement depuis tout à l'heure.
Eh bin ce tout c'est Stupeflip, et Stupeflip c'est tout.
Allez, venez et entrez dans la danse, comme dirait l'autre con. On commence par le premier album,
Stupeflip, justement.
« Le Supeflip-C.R.O.U. ne mourra jamais. »
Mais avant de commencer tout de suite, je vais vous demander de faire un petit saut dans le temps et d'aller en 2012,
ici, d'écouter jusqu'à 2:42 et de revenir. Histoire que vous vous fassiez une idée de l'ambiance, surtout visuelle.
Bon, c'est fait ? Allez, on est vraiment partit.
Ce qui est vraiment dingue, avec cet album, c'est qu'il y a déjà vraiment tout ce qui fait Stupeflip. Les coups de gueule de KingJu (le pseudo de Julien), les tubes inaudibles de Pop-Hip (un autre pseudo de Julien) et tout le reste.
Le groupe passant par BMG pour cet album, tout n'a pourtant pas forcément été comme ça aurait du l'être. Entre la promo forcée (cf ça et ça) et les singles imposés, KingJu (oui, parce que je vais l'appeler comme ça, maintenant, de toute façon c'est ce qu'il veut, que la musique et le réel se confondent, entre l'artiste et le personnage, il faudra essayer de vous y retrouver tout seul) aurait sûrement préféré rester à « prendre des ptits bouts d'trucs, les assembler ensemble et écouter l'résultat tranquille, dans [sa] chambre. ». Mais voilà, c'est là.
Pour ce qui est des singles imposés, il n'y en a en fait vraiment qu'un, qui poursuivra bien longtemps le groupe de son ombre mièvre.
Je fume pu d'shit. Autant vous dire que tout le monde le déteste, même (surtout) KingJu. En fait il n'est vraiment intéressant que pour son némésis qui le suit,
J'refume du shit, pour son ambiance dépressive et sa noirceur. Dans la même veine, on retrouve
Carry On, beaucoup plus assumé et écoutable, avec une vrai guitare rock au fond, mais aussi La Bavure De Pop-Hip, un peu plus perché et assez hypnotique, pour le coup. Ces morceaux rock/pop sont l'œuvre de Pop-Hip, le plus commercial des personnages du C.R.O.U.Véritable incarnation de l'obsession de KingJu de réussir à faire un vrai tube, commerciale et qui marche. Vous trouverez peut-être ça un peu étrange, vu la gueule du groupe, mais je crois que c'est vraiment un truc sérieux. Il y arrivera, d'ailleurs, mais on verra ça plus tard.
Mais c'est quoi, sinon, cet album ? Du hard surtout, hip-hop ou hard-rock (voire aucun des deux), ne vous attendez pas à en sortir indemne.
Stupeflip, L'Épouvantable Épouvantail et
The Cadillac Theory sont assez introductifs de l'univers du groupe, mais tapent bien, sans être non plus incroyables. Non, le genre trouve vraiment son apothéose dans
À Bas La Hiérarchie, un bonne gueulante à tendance anar, bien mise en valeur par la voix de Ju et par une instru qui tape.
L.E.C.R.O.U est finalement le seul morceau personnel de l'album, ne développant pas (ou très peu) la mythologie Stupeflip.
Parce que oui, Stupeflip c'est une vraie mythologie, et au cas où vous ne l'auriez pas compris, Ju vous le balance à la tête avec leur deuxième album,
Stup Religion.
Allez, on passe à cet album, voulez-vous, et je vous laisse découvrir toutes les autres petits bouts de trucs indescriptibles qui parsèment le premier.
« Les légions du Stup sont de retour... »
KingJu nous remet dans le bain dès les premières chansons, avec
Krou Kontre Attakk et
Mon Style En Crr, dans le même style que Stupeflip, sur fond de riffs de guitare saturée et en plus percutantes.
Le Cartable prend à contrepied les cris de Ju, aboutissant sur un résultat bien marrant. Ce style trouve pourtant son apothéose dans
L'Enfant Fou, où le timbre de KingJu, à moitié en train de gueuler, aboutit pourtant sur un résultat froid, désespéré, à l'image des paroles.
Cet album n'est pas cependant mon préféré pour ces chansons-là (sauf L'Enfant Fou), mais plutôt pour celles comme
La Religion Du Stup ou
Stup Monastère, qui réussissent à la fois à instaurer l'ambiance qui fait tout me charme de Stupeflip, avec des samples riches, hypnotiques, et un univers tout simplement fou. Le rythme et le timbre de la voix qui délivre ses paroles, imperturbable, rend le tout tout simplement fantastique de mon point de vue. Cette ambiance musicale à base de boucles, de son étranges et bizarres, quasi-hypnotiques est parfaitement illustrée par
Région Nord, en plein milieu de l'album, un trip purement auditif, sans vraiment de paroles. Dans la même veine,
West Région's Inquisitors est elle aussi une de mes préférées du groupe, avec ses 8 minutes 21 secondes, tout de même, tellement riche qu'il faut l'écouter pour le comprendre.
Les morceaux de Pop-Hip sont bien plus drôles que ceux du dernier album, plus écoutables, mais j'ai encore du mal personnellement.
Cet album est celui qui développe le plus 'univers du Stup à mon sens, et c'est pour ça qu'il est mon préféré. Tous les petits interludes présents entre les titres donnent une cohérence au tout qui l'approche de l'album-concept, et je crois qu'au final le disséquer comme je l'ai fait ne lui rend pas vraiment justice, écoutez-le d'une traite, vraiment.
Sinon, pour la petite histoire, cet album sonnera la fin du contrat entre BMG (Sony quoi) et Stupeflip. En fait, la maison de disque, peu satisfaite du résultat, n'en fera presque pas la publicité et sera responsable des faibles ventes de l'album, qui pousseront cette même maison de disque à rompre le contrat. Enfin ça nous donne tout de même
ce petit site, qui vous permet de jouer avec des enregistrements d'une discussion entre le groupe et le responsable de BMG.
Ceci explique donc la longue période qui séparera
Stup Religion du prochain album,
The Hypnoflip Invasion.« The C.R.O.U., it's just another way of thinking... »
C'est ainsi que sort l'album qui fera connaître Stupeflip au grand public, financé par un documentaire à moitié fictif sur le C.R.O.U.
L'introduction musicale de l'album nous rappelle pourtant qu'on est bien face au même artiste, celle-ci étant à la fois impressionnante et viscérale, à l'image de l'album.
Le premier morceau est le plus connu du groupe, le véritable tube de cet album :
Stupeflip Vite. Pour ma part, si j'aime beaucoup l'écouter et le trouve très bien écrit, je pense qu'il est au final l'un des plus éloigné de l'univers et des sonorités du C.R.O.U. L'instru est trop léchée et propre, et même si les paroles sont de qualités, notamment avec tout le travail sur les allitérations, elles sont loin des délires habituels de KingJu et Cadillac. Je pense que je préfère d'ailleurs
cette version.
Le véritable morceau « grand public » et représentant le mieux Stupeflip est pour moi
Apocalypse 894, avec son instru simple et blasée, à l'image de la voix de KingJu, portant très justement le texte par son cheveux sur la langue et par le biais de Reverb' Man.
Ce n'est cependant absolument pas le cas de tout l'album, et
La Menuiserie le montre bien vite. Et elle ne constitue qu'un seul titre parmi tous les autres du même acabit :
Le Spleen Des Petits (qui fait écho à L'enfant Fou),
Cold World, Dark Warriors, et surtout Sinode Pibouin, rappelant Stup Monastère du dernier album, en plus maîtrisé.
Région Est rappelle quant à elle Ouest Region's Inquisitors, et est ma préférée de l'album, avec Sinode Pibouin, rien que pour son crayon Titi.
Les morceaux de Pop-Hip sont eux aussi beaucoup plus écoutables, voire vraiment très bon, à l'image de
Gaëlle, vraiment très prenant et aboutit.
Au final, KingJu nous livre un album bien mieux produit que les précédents, longuement mûri, en témoignent toutes les différentes versions des chansons que l'on peut trouver. Il se rapproche encore plus de l'album-concept que son prédécesseur, les scénettes entre les morceaux étant encore plus ancrée dans l'univers. Ce n'est pas plus mal et je comprends qu'il s'agisse de l'album préféré de beaucoup, mais mon cœur ira toujours pour Stup Religion.
Cet album sonne la fin de la trilogie promise par KingJu, mais s'ensuivra un petit EP d'une vingtaine de minutes :
Terrora.
« Moi j'suis pas un inadapté ! »
L'album est un plus perché que les autres, plus détaché, plus céleste. Mais je l'aime beaucoup, et il comprend ma chanson préférée :
Nan...Si ?!, une des seule laissant entrevoir le Julien qu'il y a derrière KingJu et la mieux écrite, poétiquement, je crois.
Le
titre éponyme est quant à lui de loin le meilleur du style à mon goût (surpassant Krou Kontre Attakk et Stupeflip), son instru parvenant bien plus que les autre à installer cette atmosphère violente et viscérale que les autres. Elle est d'ailleurs après coup assez annonciatrice de la suite.
Visions est également criante de désespoir et de sincérité, contant la vie de Julien entre
Stup Religion et
The Hypnoflip Invasion. Il vous fera chialer.
Et maintenant ? Eh bien comme ça a déjà été dit sur le forum, Stupeflip a sorti un nouvel album, le 3 avril dernier. Je vous laisse vous en faire votre propre opinion, et je ne m'en suis de toute façon pas assez imprégné pour en parler. Je vous rappellerai simplement ce que je vous ai dit sur l'obsession de KingJu pour vous faire un tube, et vous signalerai que c'est ce qu'il a réussi avec
The Antidote, il n'y a, je pense, rien à y voir de plus.
Stupeflip a aussi la grande qualité de partager tous ses albums et morceaux sur
sa chaîne Youtube, ainsi que le documentaire, en plus de tous les inédits présent sur sa chaîne
Velter 1979. Si vous voulez ceux qui valent le détour :
Petite Curiosité,
Aqui Per Fau Dau Brutz et
Healing Nights.
Vous aurez peut-être remarqué que je n'ai au final que très peu présenté l'univers Stupeflip. Tout simplement parce que je pense que ce qui fait la force du groupe, c'est cet univers justement, et le fait que chacun puisse se l'approprier à sa manière, à son rythme, à force d'écouter et de ré-écouter les albums. Stupeflip c'est ça, pour moi, un truc qui appartient un peu à chacun de nous, tellement riche, toujours nouveau. Un truc qui fait du bien à la scène musicale française. Un truc qui montre ce que c'est qu'être un artiste.
Salut les lapins.