Je sais que l’on est au monde de l’écriture, alors j’espère que je n’exagère pas avec ces photos. Elles vont prendre exceptionnellement cette fois-ci, plus de place que mon texte.
Un matin de printemps, après un réveil à l'hôtel de la Marmotte, je pars visiter mes clients de Langres, c'est ville la natale de Diderot.
Peu avant midi, je prends le temps de m'acheter un casse-croûte en prévision d'une pause ballade. Sur mon trajet, près de Colombey-Les-Deux-Eglises, je m'arrête au bord d'une grande forêt. Descendant de la voiture, casse-croûte d'une main et appareil photo de l'autre j’aperçois un chevreuil au milieu du chemin. Je n’ai même pas le temps de faire un clic que déjà, il s’est caché. Je me dis que c’est un bon début. Je suis habillé d’une veste marron, d’un pantalon noir et pour camoufler l’odeur, je me suis mis quelques gouttes d’huiles essentielles (extrait de trente et une plantes).
Pour une bonne photo, la difficulté tient à beaucoup d’éléments : la qualité de l’appareil, sa rapidité, son silence au déclenchement, sa capacité à fonctionner dans une lumière réduite sans flash. La forêt peut être très sombre. Les bons photographes travaillent à l’affût avec un trépied et de gros téléobjectifs. Moi je suis là aussi pour la ballade. Ce sera des photos qui seront prises à la volée.
J’aime les forêts pleines de vie, je pars à la suite du chevreuil sous les arbres. Je me rends compte que je fais trop de bruit dans les feuilles sèches, je fais fuir tout le monde. Même les oiseaux se taisent, je rejoins alors la lisière des champs. J’avance maintenant silencieusement dans la terre meuble et je retrouve le chevreuil en plein repas.
Je zoom et fais quelques photographies, à nouveau l’animal disparait. J’entends les cloches du village sonner midi, je suis seul dans la nature, c’est un moment de paix.
Avez-vous déjà vu en forêt, passer un photographe à pas de loup ? Ben oui, c'était moi !
J’avance maintenant sans un bruit. Soudain, autre chose attire mon attention. Dans un bosquet entre les champs et la forêt, je distingue une bête au sol.
Vraiment, je ne vois pas bien, un chat sauvage ? Une fouine ? Je suis à quatre pattes au sol, m’approche doucement sans un bruit.
C’est peut-être un petit chien ? je vois deux oreilles qui se dressent.
Superbe, c’est un renardeau ! Il se réveille.
Son œil filou, ne réalise pas ce que je fabrique à quatre pattes tout près de lui.
C'est trop mignon, et moi qui jongle du mode automatique au manuel pour avoir de belles photos. Je suis ému et espère ne pas tout rater. Voilà qu'il se lève...
Ils sont deux !
Plus mignons l'un que l'autre, ils m’ont vu, surpris et curieux, ils me fixent droit dans les yeux. Comme des jumeaux insouciants, ils s’en vont dans la profondeur des bois vivre leurs aventures.