[Khalyss]

Bonjour à tous !

En cette magnifique journée de printemps, il est une question qui me turlupine...

Est-ce qu'un roman pour adolescents doit forcément avoir comme personnage principal un adolescent ?

Evidemment, je sais qu'il n'y a pas de règle, qu'on peut écrire ce qu'on veut etc... mais est-ce qu'un éditeur va forcément attendre d'un roman pour adolescents que les principaux protagonistes soient des adolescents en qui le public cible peut se reconnaître ? Et par ailleurs, un adolescent n'est-il pas capable d'accrocher un livre où le héros principal ne sera pas une lycéenne de 16 ans ou un vampire de 150 ans dans un corps d'un ado de 17 ans ?

Autre question (oui, le printemps me fait beaucoup me questionner) : Qu'est-ce qui différencie fondamentalement un roman pour ado d'un roman pour young adult ?

[Luna Psylle]

Salut !

Ce qui va suivre n'est que mon avis :

Je ne dirais pas qu'un roman pour ado doit forcément avoir un héros ado, mais cela facilite l'appropriation du héros par le lecteur. Lorsqu'on est adulte, on peut se mettre dans la peau d'un peu n'importe qui parce notre identité est forgée, mais quand on est un adolescent et que justement on cherche ses repères, il me semble plus facile de s'attacher aux aventures de quelqu'un qui nous ressemble. L'empathie est plus forte.
Après, certains adolescents sont capables de lire le Seigneur des Anneaux et d'adorer, donc ce que je dis n'est pas une vérité vraie, mais c'est ce que j'ai pu vérifier sur moi et certaines personnes de mon entourage.

Pour ta deuxième question, je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de différences outre certains passages et thèmes supplémentaires (la violence et le sexe -même si édulcoré-, par exemple)

Tiens, une question en lien avec tes réflexions : pourquoi les romans pour ados sont majoritairement des œuvres de Fantasy ?

Et là encore, je pense que c'est en lien avec ce besoin de se créer une identité propre. J'ai toujours eu plus de mal à suivre un adolescent qui vit sa vie de collégien parce que c'est beaucoup trop connu et terne pour moi, alors qu'un adolescent qui se retrouve sur un dos de dragon à combattre une armée orque, c'est ce que j'aimerai devenir (enfin, ce n'est pas mon cas, c'est juste pour l'exemple). Quand on est jeune enfant, on veut être pompier ou chevalier, et quand on grandit et qu'on est l'enfant et l'adulte, il nous faut quelque chose de plus fort, de plus marquant que simplement chevalier.

Voilà pour mon avis

[Loïc]

Salut Khalyss.

Qu'est-ce qui différencie fondamentalement un roman pour ado d'un roman pour young adult ?

Adolescent est une catégorie du 20e siècle et young adult du 21e.

Sérieux, cette catégorie ne veut rien dire et il faut arrêter avec.

Evidemment, je sais qu'il n'y a pas de règle, qu'on peut écrire ce qu'on veut etc... mais est-ce qu'un éditeur va forcément attendre d'un roman pour adolescents que les principaux protagonistes soient des adolescents en qui le public cible peut se reconnaître ? Et par ailleurs, un adolescent n'est-il pas capable d'accrocher un livre où le héros principal ne sera pas une lycéenne de 16 ans ou un vampire de 150 ans dans un corps d'un ado de 17 ans ?

Je pense que si tu commences avant d'écrire par te demander ça, tu risques d'aller droit dans le mur. Je pense que si ton bouquin est bien fait (et plein d'autres critères), l'éditeur le défendra ; et te demandera de changer des détails s'il y a besoin. Je pense pas que l'âge du personnage soit vraiment problématique. Dans tous les cas écris ce qui te fait plaisir ; le reste viendra après.

Tiens, une question en lien avec tes réflexions : pourquoi les romans pour ados sont majoritairement des œuvres de Fantasy ?

Deux hypothèses.
1. Ce n'est pas le cas
2. La SFF étant considérée comme de la sous-littérature, on la refile aux jeunes.

[Luna Psylle]

1. Ce n'est pas le cas

Je me posais la question, car :

Dans la librairie où j'allais avant (vers 15ans), le rayon jeunesse semblait coupé en deux :
-d'un côté, les albums et les romans dits pour "petite fille/petit garçon" (style cheval ou aventure)
-de l'autre le rayon dit pour adolescent où finalement, tout ou presque était de la Fantasy/S.-F.

Lorsque je passe à Fnac (c'est peut-être pas un bon exemple, mais ça reste un lieu incontournable pour beaucoup) ou Gilbert Joseph, les rayons jeunesses "ado" sont majoritairement Fantasy/S.-F.

Quand on m'offrait un livre vers ces âges-là (donc 12 à 17 ans, je dirais), à par mon père qui innovait un peu, tous m'offraient des livres de Fantasy (moins S.-F. pour le coup). Et quand je voyais les bibliothèques de mes amies et qu'on discutait de nos lectures d'adolescents frustrés, la Fantasy restait majoritaire dans nos bibliothèques.

D'où ma question.
Mais tu me rassures en me disant que ce n'est pas le cas. Vraiment

[milena-owein]

J'ai pas vraiment envi de rentrer dans un long et fastidieux débat sur la littérature de jeunesse.
Mais en gros il faut savoir que, jusqu'au 19e siècle elle n'existait pas : on concidérait que la lecture n'était pas une activité pour enfant, ou alors il fallait l'instruire. Au 19s dans la même idée est apparut une littératre jeunesse à vocation moralisatrice : on concidérait que la lecture avait pour vocation de transmettre un certain nombre de valeur mais surtout pas de divertir (le divertissement étant concidéré au mieux comme une perte de temps, au pire comme une perversion de la jeunesse qui risquait de perdre toute connexion avec le réel à force de se projeter dans un monde imaginaire).
A partir du 20e siècle on commence à concidéré qu'il est normal que la littérature divertisse et la lecture loisir apparait pour les enfants. Mais comme on concidère à l'époque que les enfants sont stupides on écrit des histoires elles-aussi stupides : on réécrit des classiques en plus simple et en abrégés (parce que les enfants n'ont pas assez de gout pour apprécier Les Trois Mousquetaire dans leur forme original) ou on commande des oeuvres à des auteurs en leur demandant de faire un effort pour se mettre au niveau du public visé.
A l'heure actuel nous ne sommes pas encore sortie de la mentalité "Littérature jeunesse = sous littérature" : on croit encore que pour que les enfants accrochent à l'histoire ils faut que les personnages aient leur âge, on croit encore que pour leur plaire il ne faut pas que l'histoire soit trop compliquée, et on croit encore que pour écrire un bon roman pour ado il ne faut pas oublier qu'on s'adresse à un public "pas fini" (pas complettement developper dans son intellecte).
Toutefois, beaucoup de chemin à été fait depuis une cinquantaine d'année en partie grace à de gros succès en librairie.
La série A la Croisé des Monde, de Pullman, puis et surtout Harry Potter, ont fait comprendre aux libraire et aux éditeur que le succès de ces séries n'était pas dû au enfants mais que c'était principalement les adultes ou les jeunes adultes qui en avaient fait le succès. C'est là qu'est apparut la notion de littérature "young adulte" : cette notion désigne un littérture où la distinction en tranche d'âge devien poreuse et qui a finalement pour vocation de s'adresser à tout le monde, sans distinction.

Voilà en très très gros l'histoire de la littérature de jeunesse.
Et pour faire simple voici mon conseil : ne cherche pas à t'adresser à une tranche d'âge. Ecris ton roman, écrit le bien, et une fois que se sera fait seulement pose toi la question : un enfant de 10 ans peut-il le lire ? de 15 ans ? de 20 ?
Les ados n'ont pas besoin que le héros ait leur âge pour s'intéresser à l'histoire, ils ne sont pas des sous-personnes donc ils n'ont pas besoin de sous-littérature. Une oeuvre intéligente et bien écrite trouvera toujours son public.
Et comme dit Loic, les éditeur mettent en avant la SFFF parce que ça se vend, ce n'est ni représentatif de la littérature, ni des gout du public. Les rayons de la fnac sont en règle général un mauvais indicateur des inovations littéraires.

[Kanimp]

Tiens, une question en lien avec tes réflexions : pourquoi les romans pour ados sont majoritairement des œuvres de Fantasy ?

Deux hypothèses.
1. Ce n'est pas le cas
2. La SFF étant considérée comme de la sous-littérature, on la refile aux jeunes.

3. Parce les jeunes s'intéressent plus à ce genre littéraire qu'aux autres.  (Approche bassement mercantile et prouve que je resterai éternellement jeune  .)   

[Gesh]

Les romans pour ados doivent aborder des thèmes qui leurs parlent : isolation, différence, affirmation de soi, indépendance etc. Évidement, un perso ado est très pratique pour l identification, mais des personnages secondaires ados qui évoluent auprès du héros, ça a un impact fort aussi, Tout le monde ne ressemble pas a Harry Potter et beaucoup se reconnaissent en ron, hermione ou Neville, même s ils ne sont pas principaux. Pourtant, nombreux sont ceux qui s identifient a eux. Dans dragon ball (même si c est un manga)
, le perso principal passe la plus grande partie de l histoire adulte, mais c est l évolution' de son fils et son émancipation' qui peux inspirer. Naruto est un ado et le perso principal mais c est neji hyuga (ado secondaire) qui fait partie des plus apprécie et qui est une référence pour beaucoup (clemence, contrôle de soi,pardon etc). Il faut des ados pour que ce soit plus efficace, c est vrai, même si ce n est pas obligé, mais pas obligatoirement le héros principal.

[PegazeThalo]

Les ados n'ont pas besoin que le héros ait leur âge pour s'intéresser à l'histoire, ils ne sont pas des sous-personnes donc ils n'ont pas besoin de sous-littérature. Une oeuvre intéligente et bien écrite trouvera toujours son public.

Je suis parfaitement d'accord, les adolescents peuvent évidemment lire n'importe quel type de littérature - il n'y a pas besoin d'avoir passé vingt ans pour apprécier Jules Verne ou Victor Hugo. Néanmoins, il existe effectivement un type de littérature dite "adolescente". Sous-littérature pour autant ? Comme partout, il y a de tout, mais je pense que les publications pour adolescents sont capables du pire comme du meilleur, et je ferai le même constat pour n'importe quel genre littéraire.

Néanmoins, la littérature adolescente, ou young adult, a pour moi une particularité bien marquée : à la différence de la littérature adulte dont les codes entre genres sont souvent bien établis, elle se base moins sur des catégories stylistiques que sur des thèmes auxquels les lecteurs, donc supposés adolescents, peuvent s'identifier. Et là, je rejoins Gesh.

Les romans pour ados doivent aborder des thèmes qui leurs parlent : isolation, différence, affirmation de soi, indépendance etc.

Si on considère comme adolescents ceux qui partagent les valeurs assimilées à cette étape de la vie, indépendamment de leur âge, il n'est pas difficile de voir qu'ils sont préoccupés par des questions résolues ou abandonnées par ceux que l'on dira "adultes". En effet, les adolescents sont justement à cet âge bascule où ils commencent à confronter les idéaux enseignés par les institutions sociales (famille, école, pairs, médias...) à la réalité. Il y a beaucoup de questionnements, de doutes et de tension, entre l'adolescent et la société en général, avec ses parents, avec les attentes souvent élevées qu'il a pour lui-même et la réalité des faits. C'est l'époque des premiers amours, de l'éveil à la sexualité, de la formation de la conscience politique, du sentiment d'appartenance, de la révolution, du désir d'indépendance, mais tout cela va de paire avec les premières déceptions, trahisons, les humiliations et les rejets sociaux, les confrontations aux codes des adultes mais aussi à ceux des autres adolescents, des discriminations, du sentiment de soumission... Ce sont les textes qui traitent plus ou moins directement de ces sujets-là qui ont tendance à plaire aux jeunes, parce qu'ils répondent à des questions qu'ils ne peuvent pas se permettre de poser à leurs amis ou à leurs parents, parce qu'ils se moqueront ou mentiront, et que l'on peut considérer comme "littérature adolescente".

Alors, le personnage principal d'un roman doit-il être adolescent pour plaire à cette classe d'âge ? Non.
Dans l'idée de faire de la littérature adolescente comme définie plus haut, est-il nécessaire que le personnage principal soit adolescent ? Non, bien que ça puisse aider. Ces tensions étant typiques des adolescents, il semble logique qu'ils soient ceux qui l'incarneraient le mieux. Mais la logique et le facile est l'ennemi du bien, alors évidemment, il serait extrêmement intéressant de sortir de ce raccourci !

Quant au fait que la littérature soit principalement de la science-fiction, je ferai noter également qu'à mon grand désarroi, il y a également un autre grand genre de littérature adolescente qui se résume en une série : Gossip Girl. Ces classes sociales inaccessibles qui font rêver, ce strass et ces paillettes. Je me permets encore une analyse socionulle rapide, mais je crois qu'on pourrait y voir deux raisons :

- les adolescents en général trouvent leur vie ennuyeuse, leur ville pourrie et leurs parents préhistoriques ; ils rêvent d'aventure et de changer le monde, bien moins des introspections de monsieur tout le monde. De plus, on ne cherche pas à s'identifier directement, on préfèrera un personnage lambda qui deviendra subitement Reine du Bal à New York, en Juliette d'un Roméo Immortel ou en Chevalier Blanc de l'Armée des Dragons. Autre thème récurrent, d'ailleurs, car dans les romans pour adolescents, on retrouve quasiment toujours des personnages ordinaires qui deviennent extraordinaires.
- et puis, les adolescents, ce sont encore des grands enfants. Et quand on y pense, la science-fiction, ne ressemble-t-elle pas aux contes de l'enfance ? Les histoires de cheerleaders à celles des princesses ? N'y-a-t-il pas un côté rassurant dans cette très légère maturation de modèles que l'on connaît déjà ?

[Louisiane D]

Je pense que le perso principal doit être jeune, pas forcément un ado mais au moins un jeune, OU ALORS, que sa vie ait quelque chose qui puisse toucher directement les ados. Par exemple le perso est une Mamie qui parle et l'ado va y reconnaître sa Mamie...
Tant que le personnage est réaliste et qu'un ado ait de quoi s'y retrouver, je pense que c'est le principal.
Après, les éditeurs cherchent des textes qui parlent, des textes vivants que l'on peut s'approprier, je ne crois pas qu'ils se disent spécialement "ça ne va pas, le perso principal n'est pas un ado" si le livre leur plait.