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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Un verset à Coalinga

Auteur Sujet: Un verset à Coalinga  (Lu 3940 fois)

Hors ligne Gros Lo

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Un verset à Coalinga
« le: 02 septembre 2015 à 20:00:35 »
Un verset à Coalinga

Le désespoir de Ned a tenu en deux faits. Le premier, c'est qu'un certain Aldo, que nous avions rencontré sur les rochers de Corteshead, s'était entiché d'une amie de Gabbie. Il la faisait manger au restaurant tous les soirs, si possible celui de la corniche d'Algorence Bay, où la petite poule attaquait la soirée en s'envoyant des langoustines à la crème et une bouteille à trente-cinq dollars. Passé deux semaines, Aldo n'a plus eu d'autre idée en tête que de lui faire passer l'été dans sa maison de famille de Coalinga, une monstrueuse propriété coloniale plantée d'arcades blanches et cernée par la forêt de séquoias de San Benito. Puis Christie, la poule en question, qui ne se sentait qu'à moitié à l'aise dans cette immense baraque au fond des bois, a demandé que Gabbie les rejoigne : Gabbie, l'intraitable reine de pique, stratège de la bande dans toutes nos magouilles...
Elle nous a imposés à Aldo aussi naturellement que des œufs sur une tranche de lard.

L'autre élément déterminant tenait dans les quarante-huit heures que Ned et moi avions passées à Forth à la fin du mois d'avril, où nous avions rampé la plus grande partie de notre temps sous les venelles sombres comme des saints assoiffés, errant dans des établissements lugubres et lorgnant sur la misère comme si elle ne nous touchait pas d'un pouce. Au cours d'une de ces heures de détraqué, j'avais discuté avec Ned de Gabbie, qu'il avait quittée avec pertes et fracas l'hiver précédent après l'avoir traitée de "pute en col roulé". Il n'en démordait pas : Gabbie ne méritait pas qu'on la fréquente, elle préférait les galas, son patron dégotait des entrées en double pour se montrer au bras d'une si belle plante, tout ça pour passer la soirée à péter dans de la soie. Dans les torrents d'aigreur de Ned je peinais à en placer une ; mais pour moi Gabbie restait une fille simple, malgré son penchant pour les flonflons, et, au contraire de la première femme de Ned, avait toujours conservé un train de vie résolument modeste. C'est tout ce que j'avais réussi à avancer, tant Ned était replié dans son amour-propre et tant il y avait déjà de remous dans nos têtes de soûlards. Malgré tout, depuis cette nuit-là, je nourrissais l'espoir grandiose que l'abcès était bel et bien percé, vidé de toutes les aigreurs passées, et que Ned et Gabbie finiraient par revenir à des sentiments meilleurs, dans mon ombre bienfaitrice.

Juin était bien avancé quand Ned a pointé son nez à Coalinga, bien qu'il m'ait eu juré l'inverse à Forth et qu'il ait été vu l'avant-veille à la remise de diplôme de son demi-frère... Deux jours, c'est tout ce qui lui a fallu pour venir de Longview, Washington, où il s'était précipité sur le premier train de marchandises avec dans son sac deux pommes ramassées à la hâte en lisière des voies et pas une goutte de whisky, comme s'il flairait Gabbie, l'idée de Gabbie, et avec elle la possibilité d'une réunion ou le dernier volet du désastre. Alors, quand, au beau milieu des arbres géants de San Benito, il a fini par atteindre le seuil du manoir et qu'il a vu Gabbie picorer dans l'assiette du premier col blanc venu (c'était Aldo ! il l'avait sur les genoux, visiblement lassé de l'ingénuité de la petite Christie), c'en fut trop pour lui.

Il a commencé par rigoler, mais je connais son visage et c'était comme s'il l'avait couvert d'un givre. Une fois à portée de Gabbie, il a posé genou à terre (on aurait dit qu'il la prenait pour une chatte peureuse) et a commencé à lui parler doucement et ça coulait comme de vraies larmes très amères. Et son discours m'a causé beaucoup de peine, non parce que j'en aurais, en pareille situation, prononcé un similaire, mais parce que j'ai soudain eu la révélation de la fatigue que cela procurait de devoir vivre à rebours des autres. Je me souviens juste du moment où sa voix s'est un peu emballée, il lui disait (et elle commençait à le regarder comme le petit chat tétanisé qu'il voulait qu'elle soit) : "Tu peux picorer où tu veux, Gabbie, tu peux t'asseoir sur n'importe quel génie plein aux as et le sucer aussi fébrilement que tu veux, son fric te tuera à petit feu parce que c'est dans la nature du fric de le faire. Et alors t'auras plus rien, Gabbie. T'auras qu'un grand silence à la place de la tête. Tu seras plus rien. Tu seras un tas de fric."

Après cette phrase j'ai pris conscience de la horde de convives qui s'étaient tus et écoutaient Ned, j'ai eu honte d'eux et de moi, je suis sorti discrètement et je me suis laissé tomber au pied d'un grand tamaris qui me dissimulait des baies vitrées. La fraicheur tombait des séquoias comme si l'approche de l'automne leur donnait des sueurs froides. Je suis resté là, sous le ciel noir et les arbres transpirants, loin des autres, loin de mon corps aussi, à essayer de retrouver centre.
Je connaissais bien le mantra que Ned récitait à Gabbie. Sans dollars et sans itinéraire, avec la sincérité plein la bouche, on sent enfin dans sa poitrine le battement d'un cœur très ancien, aussi ancien que les plus anciens préceptes. Tap-tap, tap-tap, sec et bruyant comme l'affolement d'une araignée dans un gobelet, tap-tap, seulement la plupart du temps il s'étouffe sous le bruit des serrures, des claques dans le dos, des caisses enregistreuses. Alors quand on l'entend battre c'est que l'on vit au cœur de la cible, dans l'intenable immédiateté du présent, que cellule après cellule on assiste à sa consomption et qu'il n'y a plus qu'à se jeter du haut de son passé, pour vivre, pour aimer, pour se vider dans l'univers et s'y sentir plein, comme une aorte enfin délivrée par l'égorgeur, et pour que les autres nous voient couler et peut-être s'interrogent. Pour l'instant, ni Ned ni moi ni aucun autre fou dangereux de la côte Ouest n'avons trouvé comment vivre plus pleinement qu'au hasard de ce bruit de tambour. Et j'ai bien sûr continué à trouver à Ned un je ne sais quoi de saint après cet épisode, alors que la majorité des fêtards avaient pris le parti de Gabbie (qui, une nouvelle fois, avait tiré son épingle du jeu). Mais peut-être cela venait-il de cette propension à la sainteté qui m'animait depuis mes nuits de garde à Tête-Diable...

Le claquement de la porte d'entrée m'a dérangé dans ma rêverie. Ned jurait tout haut en descendant le perron. J'ai siffloté un début d'air pour qu'il me rejoigne dans l'ombre du tamaris.
"Si tu savais ce que ça me rend triste. Je m'en fous de Gabbie. Ça ne me fait plus vraiment de peine de la voir. C'est tous les autres, elle aussi et puis tous les autres, la poubelle qu'ils râtissent vers leur cerveau comme de gentils éboueurs, leurs idéaux en plastique qu'ils arrosent consciencieusement et avec toute la bonne foi du monde... J'ai voulu être sincère, j'ai commencé le mantra de... mais... mais il n'y en a pas eu un seul pour avoir le cœur qui s'ouvre. Ils étaient tous comme des fantômes. Ole, je te jure, des fantômes. En eux c'est le silence. Je voulais effrayer Gabbie en lui parlant de son avenir et puis je me suis rendu compte qu'ils y étaient déjà tous. Ils sont plus rien. Y a des sacs plastiques qui fleurissent leur cerveau. Des putains de, de caténaires inertes qui leur courent après les veines, du polystyrène en boutons dans leur cœur. Y a pas un bruit là-dedans. Ça ne vit pas. Ils vivent pas. Ils ont comme délégué les pouvoirs... Ils s'interrogent plus ni sur le pourquoi, ni sur le comment, ils ne se disent pas "c'est normal ce silence que je dégage ?", au contraire ils en sont à demander le silence aux gens, un doigt sur la bouche, et réfléchissent juste assez pour chercher un peu d'argent pour boire et fumer, faire ça avec des gens comme eux. Aucun cerveau qui bat. Aucun cœur qui se bat. Juste un sérum qui dégouline silencieusement le long d'un tube et les alimente. Qu'est-ce qu'on fait dans un cas comme ça, Ole, hein ?"

Oh Ned, mémoire courte, souviens-toi comme tu m'as méprisé jusqu'à ce que je demande à te suivre à Tête-Diable... Et puis regarde-nous il y a quelques semaines, à nous appuyer aux façades de Forth, où étaient nos préceptes ? C'est là, à Tête-Diable qu'il faut aller, avec chacun d'eux, un par un, et qu'assis à l'écart du dernier refuge ils puissent être lus à corps ouvert par la montagne. Ils s'assiéront, chacun à leur tour, une silhouette en janvier, une silhouette en mars... ils regarderont les monts bleus couturés de ravines, ils auront plein de vagues dans l'âme à se rappeler la chaleur des bières et les jolis culs aux terrasses de Southern Parallel. Et puis le caprice finira par passer, le visage de la montagne se sera approché d'eux assez près pour les saisir dans sa gueule et ils trouveront le battement, tap-tap, tap-tap enfin le voici, l'axe intime... et chacun alors pourra se lier d'amitié pour de bon, pourra se fourvoyer dans quelques aventures incohérentes et puis foncer découvrir une baraque pleine d'amis au cerveau silencieux pour finir la soirée à broyer du noir dans un buisson... L'essentiel, l'acte de courage alors, le premier, comme un article de constitution, celui qui montrera si leur battement de cœur est réel ou un nouveau fantasme, sera de reprendre les vieux mots de jadis et de les convaincre de grimper jusqu'à Tête-Diable ; avancer que la vue est belle... qu'on montera des bouteilles et des pipes... et de s'ouvrir simplement à eux et cultiver leur bon cœur jusqu'à ce qu'un matin, après le petit-déjeuner, l'un d'eux s'éloigne un peu du refuge et s'asseye sur une pierre, et cherchant un peu de contemplation finisse par se contempler lui-même, et cherchant dans le silence des hommes à mieux entendre le langage des montagnes, finisse par entendre son rythme intime... sa mélodie... ses versets...


« Modifié: 09 juillet 2018 à 10:29:10 par Lo »
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Hors ligne Rémi

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #1 le: 03 septembre 2015 à 23:00:40 »
Salut Mout' !

Citer
Le désespoir de Ned a tenu en deux faits.
Bizzare ce passé composé, surtout pour démarrer

Citer
Il la faisait manger au restaurant
pas très joli "faire manger" (il lui donne la cuillère ? désolé, je sors)

Citer
Passé deux semaines, Aldo n'a plus eu d'autre idée en tête que de lui faire passer l'été
deux fois "passé / passer"

Citer
une monstrueuse propriété coloniale embrigadée d'arcades blanches
"embrigadée" ? tu es sûr ?

Citer
L'autre élément déterminant tient dans les quarante-huit heures que Ned et moi avons passées
tu passes maintenant au présent (?)

Citer
Au cours d'une de ces heures de détraqué, j'avais discuté avec Ned de Gabbie,
pourquoi un plus que parfait ?

Citer
comme une aorte enfin délivrée par l'égorgeur,
cette expression m'a un pe sorti de la lecture (pour le choix de l'image et pour sa "cohérence", l'aorte n'étant pas dans la gorge)
Rien de très gênant (remarque à deux balles !)

Citer
Ils sont plus rien. Y a des sacs plastiques qui fleurissent leur cerveau.
joli ça

Citer
Aucun cerveau qui bat. Aucun cœur qui se bat. Juste un sérum qui dégouline silencieusement le long d'un tube et les alimente.
ça aussi j'aime bien

Citer
Des putains de, du polystyrène en boutons dans leur cœur.
manque quelque chose après "de"

Je ne sais pas s'il y a une référence précise concernant "Tête-Diable" que je ne capte pas, mais à la première occurence (les nuits de garde à Tête-Diable), j'étais paumé.

J'ai beaucoup aimé la fin, et le sens du texte, le message que tu fais passer. Cette notion de prendre le temps de vivre, de partager, d'écouter et de s'écouter. Je ne suis pas trop touché par l'aspect mystique (mantra, versets), mais le reste m'a touché.
Reste que le texte est une "tranche de vie", sans réellement d'histoire et de développement.
Certaines phrases m'ont un peu paumé, parfois les constructions sont complexes, mais le style m'a plu dans l'ensemble. Je ne sais pas ce qu'en penseront les autres commentateurs, mais les changements de temps m'ont un peu dérouté, surtout au début. Le début me semble perfectible, pas évident de capter les personnages (d'ailleurs tu évoques un ou une Sam qui ne revient pas ensuite).

Merci pour ce texte,

Rémi
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

Invité

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #2 le: 04 septembre 2015 à 01:22:39 »
Fiou ! C'est dense. Je veux dire, le premier paragraphe, on se prend 5 personnages dans la gueule (dont Sam) et j'avoue que direct j'ai du relire deux-trois fois pour être sûr de bien tout imprégner (en plus s'y accolent des noms de villes et des phrases complexes).

J'ai rien contre les constructions fortes, mais j'avoue avoir eu du mal, par la suite, à reprendre le souffle et le fil du récit. Y'a un style et j'apprécie pas mal le fond, mais je trouve le tout très passif, très distant, et du coup, en plus du nombre et de la densité des apparitions des personnages, je n'y suis pas rentré :'(

D'autres images me semblent un peu plus maladroites, genre :
Citer
ça coulait comme de vraies larmes de miel.

C'est un gout personnel mais, hé ! il faut bien qu'on aime ou non, je trouve aussi qu'il y a énormément de détail peu important qui ternissent le fond, du coup, et empêche une réelle histoire de se développer :
Citer
Juin était bien avancé quand Ned a pointé son nez à Coalinga, bien qu'il m'ait eu juré l'inverse à Forth et qu'il ait été vu l'avant-veille à la remise de diplôme de son demi-frère. Deux jours, c'est tout ce qui lui a fallu pour venir de Longview, Washington, où il s'était précipité sur le premier train de marchandises avec dans son sac deux pommes ramassées à la hâte en lisière des voies et pas une goutte de whisky, comme s'il flairait Gabbie, l'idée de Gabbie, et avec elle la possibilité d'une réunion ou le dernier volet du désastre. Alors, quand au beau milieu des arbres géants de San Benito, il a fini par atteindre le seuil du manoir, et qu'il a vu Gabbie picorer dans l'assiette du premier col blanc venu (c'était Aldo ! il l'avait sur les genoux, visiblement lassé de l'ingénuité de la petite Christie), c'en fut trop pour lui.
Ned, Coalinga, avant-veille, demi-frre, Longview Washington, X2 Gabbie en quatre mots, San benito, Aldo, Christie... fiuuu. J'ai du mal à prendre du plaisir à lire ça. Pas à suivre, mais à lire ça de façon fluide.

A côté de ça on a des passages plus frappants, plus directs, qui me plaisent plus :
Citer
Il a commencé par rigoler, mais je connais son visage et c'était comme s'il l'avait couvert d'un givre. Une fois à portée de Gabbie, il a posé genou à terre (on aurait dit qu'il la prenait pour une chatte peureuse) et a commencé à lui parler doucement et ça coulait comme de vraies larmes de miel. Ned a toujours pensé comme moi et son discours m'a causé beaucoup de peine, non parce que j'en aurais, en pareille situation, prononcé un similaire, mais parce que j'ai soudain eu la révélation de la fatigue que cela procurait de devoir vivre à rebours des autres. Je me souviens juste du moment où sa voix s'est un peu emballée, il lui disait (et elle commençait à le regarder comme le petit chat tétanisé qu'il voulait qu'elle soit) : "Tu peux picorer où tu veux, Gabbie, tu peux t'asseoir sur n'importe quel génie plein aux as et le sucer aussi fébrilement que tu veux, son fric te tuera à petit feu parce que c'est dans la nature du fric de le faire. Et alors t'auras plus rien, Gabbie. T'auras qu'un grand silence à la place de la tête. Tu seras plus rien. Tu seras un tas de fric."
Moins d'élements juxtaposés, plus de liaison logiques.

Le fond, oui, c'est évident, je suis et j'approuve. Du coup, je sais pas trop.. je suis assez mitigé. C'était pas une lecture désagréable mais je n'y penserai pas non plus en me couchant ce soir.

Bon courage !

Hors ligne Gros Lo

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #3 le: 04 septembre 2015 à 03:38:23 »
Salut, merci de vos lectures. Sam a dégagé !
Rémi oui il faudrait peut-être harmoniser les temps, je suis un peu paumé à ce niveau-là...
Non, aucune référence particulière pour Tête-Diable. (Et il ne manque rien après ce "de", enfin j'ai voulu rendre une phrase à l'oral qui trébuche un peu...)
Je confirme pour "embrigadé" même si je sais que c'est pas le sens ordinaire. Merci pour toutes les autres remarques !

Psykokwak, c'est vrai c'est l'avalanche de noms propres... A la base ce texte était plutôt un essai de pastiche à un écrivain que j'aime bien et puis j'ai décidé de le développer et de l'envoyer à l'AT. Du coup y a des trucs qu'il faudrait que je modifie, notamment tous ces noms et ces phrases un peu essoufflantes... j'vais voir quoi faire.

J'assume le fait que y ait pas trop d'histoire et un peu trop de détails, mais je comprends que ça nuise à l'équilibre général... c'était un peu débile de décider de recycler ce texte pour l'AT, et en même temps si je lui enlève ces caractéristiques (noms en avalanche, détails, pour finalement pas en dire tant que ça) il perdre un peu son côté pastiche et j'aurais l'impression qu'il n'a plus aucune raison d'être... j'vais voir j'vais voir comment essayer de faire un bon compromis en changeant des choses quand même !

merci à vous deux d'avoir pris le temps de le lire.
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Invité

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #4 le: 04 septembre 2015 à 04:04:38 »
Alors après là y'a Bémol parce que y'a en effet des écrivains avec une plume de oufzor déglingo qui peuvent tout à fait se permettre de t'entasser douze noms propres par ligne et de jouer sur "Z, Y, W et l'idée de W, à Castelnau-sur-roche, dont le cocher de le tour machimachou" etc...

Là, par contre, clairement : quand je commente, perso, j'essaye de tirer au style le plus basique et le plus simple. Si tu vises un truc hautement stylistique et irrévérencieux (l'ambition c'est le bien), fonce, hein : l'avis ici c'est uniquement pour que ça s'approche du truc "le plus lisible et le plus commun", pas forcément pour "Que ça fasse Proust/Zola ou Grand Auteur de déglingo". Donc les commentaires sont à prendre avec parcimonie, c'est peut-être pas (si c'est l'essence de ton texte) du côté épuration qu'il faut chercher, mais autre part. De légers rajouts de verbe d'action ou de légers décrochés pour nous permettre de nous affamer entre ces détails très riches. Bref, flingue pas ton idée de départ, mais là j'ai galéré, un peu, perso. (Après y'a de grands auteurs que je galère à lire, hein...).
« Modifié: 04 septembre 2015 à 04:08:50 par Psykokwak »

maanilee

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #5 le: 04 septembre 2015 à 09:05:08 »
Hop j'attaque au fil du texte :

Citer
Le désespoir de Ned a tenu en deux faits. Le premier, c'est qu'un certain Aldo, que nous avions rencontré sur les rochers de Corteshead, s'était entiché d'une amie de Gabbie. Il la faisait manger au restaurant tous les soirs, si possible celui de la corniche d'Algorence Bay, où la petite poule attaquait la soirée en s'envoyant des langoustines à la crème et une bouteille à trente-cinq dollars. Passé deux semaines, Aldo n'a plus eu d'autre idée en tête que de lui faire passer l'été dans sa maison de famille de Coalinga, une monstrueuse propriété coloniale embrigadée d'arcades blanches et cernée par la forêt de séquoias de San Benito. Puis il a proposé que Gabbie vienne pour que la petite Christie se sente plus à son aise et Gabbie nous a imposés à Aldo aussi naturellement que des œufs sur une tranche de lard.
J'arrivais à suivre jusqu'à l'intervention de la petite Christie qui sort de je ne sais où, j'ai le sentiment que le lecteur devrait déjà en avoir entendu parler mais non.

Citer
L'autre élément déterminant tient dans les quarante-huit heures que Ned et moi avons passées à Forth à la fin du mois d'avril, où nous avons rampé la plus grande partie de notre temps sous les venelles sombres comme des saints assoiffés, errant dans des établissements plus lugubres que tous ceux que j'ai pu apercevoir à Tanja et lorgnant sur la misère comme si elle ne nous touchait pas d'un pouce.
Les phrases sont trop longues, y a trop d'infos on s'y perd.




Du coup comme l'on dit les autres avant moi, avec tous les noms + longueurs de phrases, perso j'ai complétement décrochée et j'ai survolé le texte jusqu'à la fin sans vraiment y mettre un pied. Bon courage dans tous les cas !

Hors ligne Kanimp

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #6 le: 04 septembre 2015 à 09:17:30 »
Je suis perdu avec les personnages, dans le premier § ont décrit ceux-ci :
Ned, Aldo, Gabbie, + une amie de Gabbie non citée, Christie.

Dans le deuxième §, il y a Ned de Gabbie qui c’est ?

Bon, je sais que je suis en cause. Si je ne comprends pas les personnages, je n’arrive pas à suivre le déroulement de l’histoire. Cette dernière fait plein de références que je n’ai pas compris.

En résumé, je n’ai rien compris ni suivit.

Une autre fois peut-être.



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Hors ligne Luptinote

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #7 le: 07 septembre 2015 à 16:30:00 »
Une histoire un peu dense pour moi. Je ne suis pas rentrée dans l'histoire mais le texte en lui-même. C'est bien écrit, les mots sont riches, recherchés.

j'ai lu un peu les autres commentaires et le temps du récit ne me gêne pas. J'aime la douceur de la fin.

Citer
"Si tu savais ce que ça me rend triste.
je suis pas sûre que ça soit très français ^^

Je n'ai pas de relevé à te proposer, le texte, je l'ai trouvé juste. L'histoire, pas mon style, mais tu emmènes d'autres lecteurs plus assidus où il faut.
Maître, dois-je marcher vers la lumière ?

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #8 le: 12 septembre 2015 à 18:04:10 »
Salut mon bon Mout !!

Jusqu'à ce que je lise de ta main que c'était un pastiche, j'avais bien l'impression de reconnaître un style.
Je te désespérerai peut-être si je me trompe, mais ça me fait penser à de la littérature américaine des années cinquante/soixante.

Tu installes d'ailleurs cette atmosphère à la perfection. La manière elliptique de décrire les situations, les personnages et une certaine désespérance.  Et cette quête de leur propre personnalité par des personnages un peu paumés. Qu'on pourrait rapprocher de leurs cousins français de chez Modiano.

Je ne sais pas comment dire plus, c'est vraiment littéraire et profond sans y toucher.
Peut-être que ça me plaît parce que je crois m'y reconnaître.

C'est pas trop constructif, en fait, mais tant pis.
J'ai eu vraiment plaisir à le lire et à éprouver les sensations qu'il suscitait en moi.

Merci petit Mout et à +
"Tous ceux qui survenaient et n'étaient pas moi-même
Amenaient un à un les morceaux de moi-même". Apollinaire

Hors ligne Marygold

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #9 le: 15 septembre 2015 à 18:01:58 »
Hello !

Bon, je ne sais pas par où commencer... du coup, j’y vais dans le désordre le plus total.
J’ai lu avec intérêt – et curiosité – que tu t’étais essayé au pastiche avec ce texte. J’espère que c’est réussi… je pourrais supposer que oui, parce qu’il y a du style, du très bon style, mais ça pourrait tout autant être le tien :mrgreen:
Comme les autres, j’ai été un peu perdue par la tripotée de personnages qui entrent en scène dès le premier paragraphe. Ça oblige à une lecture lente, voire une relecture, ce qui n’est pas plus mal pour s’imprégner du texte et de l’ambiance, mais je comprends aussi que ça puisse arrêter le lecteur.
Il y a quelques expressions qui m’ont chiffonnée :

Citer
une monstrueuse propriété coloniale embrigadée d'arcades blanches
j'ai vu ta réponse, mais quand même, je tiens à noter que moi non plus je n'ai pas été séduite
Citer
Il a commencé par rigoler,
rigoler, vraiment ?
Citer
Il n'y avait plus de moustiques. Moi vagabond pénitent dans le temple aux cent mille colonnes dont parle le Mahâbhârata.
ces deux phrases m’ont semblé totalement hors-texte. A la limite les moustiques, why not, à la suite des tamaris (encore que, je ne vois pas bien l’idée…), mais accolé à cette mystérieuse phrase de vagabond pénintent, ça m’a perdue… La transition est un peu brutale.
Citer
Des putains de, de caténères inertes qui leur courent après les veines
caténaires ou cathéters ? Pour la compréhension, j’ai opté pour cathéters mais je n’en suis pas bien sûre…

La fin est juste incroyable  :coeur: il faudrait la lire et la relire plusieurs fois pour s’imprégner de tout ce qu’elle transporte.
Mais, même si le récit est cohérent (certes tous ces personnages peuvent faire penser à une partie de roman, mais je trouve que le texte se tient de lui-même), il y a quelque chose qui me gêne un peu dans l’ensemble. Le problème c’est que je n’arrive pas à l’exprimer de manière constructive ^^ Il me semble que c’est le début du texte qui n’est pas à la hauteur de la fin, quelque chose dans la succession des thèmes, ou dans le caractère très travaillé de la narration. En un mot, j’ai eu l’impression que tu commençais en pastiche, ou en tout cas dans un registre très travaillé, très rigide, mais que tu as terminé le texte en t’affranchissant de tout cela. Mais c’est peut-être une sur-interprétation mais la lecture de tes réponses me conforte dans cette idée.

Dans tous les cas, merci pour ce très beau texte !


PS :
Jusqu'à ce que je lise de ta main que c'était un pastiche, j'avais bien l'impression de reconnaître un style.
Je te désespérerai peut-être si je me trompe, mais ça me fait penser à de la littérature américaine des années cinquante/soixante.
Alors, c'est bien ça ? ;D
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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #10 le: 15 septembre 2015 à 19:01:45 »
Salut Mout !
J'ai bien aimé ton texte il est assez étrange, mais avec de bonnes idées. Et puis le début est bien écrit, au niveau des émotions.
Néanmoins, je trouve que le fond n'est pas assez clair. La fin, raisonnent, on les comprends, mais c'est assez embrouillé.
Bref, merci pour ce texte :)
aucun : les artichauts n'ont aucun rapport avec le Père Noël. Ce ne sont pas des cadeaux et on ne peut pas faire de Père Noël en artichaut.

Siegrid

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #11 le: 15 septembre 2015 à 19:45:49 »
Un verset à Coalinga



. Il ne supportait pas qu'elle fréquente les dîners de galas auxquels son patron la conviait parfois, ce qui n'était pas une quelconque manifestation de jalousie de la part de Ned mais un dégoût insigne à l'endroit de ces soirées raffinées passées, à l'entendre, à péter dans de la soie. Gabbie avait toujours aimé les flonflons mais restait une fille simple, et au contraire de la première femme de Ned avait toujours conservé un train de vie résolument modeste. C'est tout ce que j'avais réussi à avancer, tant Ned était replié dans son amour-propre et tant il y avait déjà de remous dans nos têtes de soûlards.

C'est le seul passage que je trouve un peu "décalé" par rapport au style du reste du texte. Il y manque ce petit grain de folie qu'on trouve tout au long de ton récit : ces phrases si longues, ces personnages pêle-mêle  participent à ce très beau délire.
Oui, tout évoque les grands routards des années 60, Kerouac ou Brautigan : je les ai lus, il y a longtemps et, oups...j'ai un peu oublié leur style.
Mais cela ajoute au charme.
Beau texte, vraiment  :)
Merci pour ce bon moment.


edit de Mary : Siegrid, je fusionne tes deux messages mais n'oublie pas le bouton "modifier" en haut à droite pour éditer ton message si tu veux y ajouter quelque chose, plutôt que de double-poster ! Merci :)
« Modifié: 15 septembre 2015 à 19:50:32 par Marygold »

Hors ligne extasy

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #12 le: 15 septembre 2015 à 21:02:20 »
J'ai trouvé le style irréprochable, et dès le début, j'ai su que j'apprécierais la lecture. Donc rien à redire pour moi en ce qui concerne l'écriture ;  j'ai trouvé ça beau, puissant sans être expansif, et profond.
Par contre, et j'ai honte de l'avouer, je pense qu'il y a quelque chose qui manque, et qui m'empêchera, comme l'a déjà dit quelqu'un, d'y repenser ce soir.
C'est assez étrange : c'est du très bon boulot, et dans d'autres circonstances, j'aurais pu en rester là, mais ici, avec l'AT, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui ne colle pas.

Quoiqu'il en soit, ça reste une très bonne lecture, bien meilleure que celle de la grande majorité des autres textes pour cet AT en ce qui me concerne.

A très bientôt, j'espère  :)

Hors ligne Gros Lo

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Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #13 le: 17 septembre 2015 à 15:28:15 »
Salut et merci pour votre lecture, tous.

L'amie de Gabbie et la petite Christie.. ne font qu'une. Pas clair hein dans le paragraphe ? j'ai pas reussi a rendre ca plus clair sans peter le rythme...

Gage et Siegrid, vous voyez juste pour le pastiche !

Bon les commentaires positifs me touchent beaucoup en tout cas.
Marygold, pour les deux phrases que tu cites, et surtout celle du temple aux mille colonnes, c'etait juste pour apporter de l'eau au moulin du pastiche mais maintenant je vois bien que c'est too much. Je vais enlever ca. En tout cas ton analyse me fait tres plaisir parce que oui c'etait cense etre un pastiche et que quand j'ai rallonge le texte ca a un peu vire de bord. Alors le fait que tu aies une preference pour la fin c'est super puisque c'est un peu le moment ou le texte quittait l'exercice de style... bref merci pour ton commentaire aussi.

Siegrid, c'est vrai que le passage que tu cites est un peu en decale. Je vais voir comment le modifier un peu.

Extasy, peut-etre que dans un avenir plus ou moins proche il faudrait que je retravaille ce texte pour le depasticher un peu et l'inclure aussi d'un texte plus long, histoire d'affermir un peu son identite et sa raison d'etre... il fait un peu "redige sur un coin de table" en fait non ? je sais pas. Bon bref merci pour ton avis et tes compliments en fait.

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Re : Re : [T39] Un verset à Coalinga
« Réponse #14 le: 20 septembre 2015 à 18:29:52 »
Jusqu'à ce que je lise de ta main que c'était un pastiche, j'avais bien l'impression de reconnaître un style.
Je te désespérerai peut-être si je me trompe, mais ça me fait penser à de la littérature américaine des années cinquante/soixante.

Tout à fait pareil, et du coup, je me suis ennuyée, parce que ce genre de littérature m'ennuie profondément... Du coup mon commentaire va être rapide, car si j'ai lu tout le texte (la lecture est fluide, il faut bien le noter), je n'en ai hélas pas retenu grand-chose.
Relectrice-Correctrice pro, et fière et enthousiaste correctrice du Mout'!

 


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