[Baptiste]

 J'ai dans un coin de ma poche
une rengaine qui traine
Un truc un peu trop moche
Une lune un peu pleine

 
Le sujet c'est la femme
Ma mère peut être bien ?
On n'sais jamais vraiment...
Théorie d'oedipien

 
Disons au moins une femme
Une qui passe dans la rue
Dos velours, regards flamme
Allure net, démarche nue

 
Elle chaloupe et marchande
Tergiverse et repart
Seme son odeur d'amende
et disparaît d'mon regard

 
Y a les passantes de brassens
les sens tendus, les seins qui pressent
Y a toujours l'espoir trop mince
D'une promesse de tendresse

 
Et voila la fille est partie
Mais je l'accroche au firmament
des belle que j'n'ai jamais conquis
A toute celle là, j'dit « tendrement »




(çafait pas grand chose dix minute merde )

[Chouc]

Timothée essayait de conserver l'apparence du calme mais le mouvement de balancier frénétique qu'opérait son pied gauche le trahissait. Il avait fait des pieds et des mains pour décrocher ce rendez-vous, testant toutes les cordes à son arc.
Une seule, donc. Il est question d'un arc, pas d'une harpe.
Il avait marchandé. Monnayé son silence, pour être exact. Lorsqu'il avait surpris Melissa et Tonton Francis tendrement enlacés, il lui avait été facile d'entamer les négociations. Peu lui importait d'être un second choix. D'ailleurs, il n'était pas un choix, il le savait bien. Il avait obtenu ce rencard par machination. Timothée n'avait ni sens moral, ni fierté, ni âme de toute évidence. L'aspect œdipien lui-même ne lui posait aucun soucis. Il avait extorqué un rencard à sa jeune et jolie belle-mère, c'est tout ce qui comptait pour Timothée. Il avait tout prévu, tout orchestré. Les photos, dans la poche droite, les aveux en fichier MP3, l'ensemble dans un mail prêt à être envoyés d'un simple clic. Timothée était prêt. Il avait pensé à tout. A presque tout.

Il n'avait pas songé que ce serait Toton Francis qui débarquerait au rendez-vous.

[c'était mauvais, j'aurais pas dû faire de 3eme  ]

[barnacle]

Ce banc du parc est mien le temps d'une cigarette, ou de deux, ou d'arrêter de compter. Je n'ai pas pris de livre, pas pris de musique et le regrette un peu. Ça n'est pas le plus beau parc parisien : il a presque pour seul mérite d'être discret, de ne pas cacher son absence de prétention. Le temps n'est pas à flâner non plus, il est tout juste à fumer : gris et venteux, air d'automne déjà presque hiver. La météo s'est ennuyé de l'idée de l'été, du beau et veux explorer ses couleurs maussades.
J'ai rendez-vous dans deux heures et c'est attendre un peu ici ou me réfugier dans un café, y boire et prendre le risque de devoir marchander avec ma vessie des répits en terme d'urgence urinale, et je la connais : elle s'emplit et se plaint rapidement.
J'observe, puisque j'ai le droit et qu'ils ne se cachent pas, ce couple œdipien curieux de l'enfant et de la mère, le fils de cinq, peut-être six ans, qui vient de pisser dans un buisson et la mère qui l'essuie et le geste qui est encore normal entre eux, à défaut de l'être à la vue du tous.
Ils n'évitent pas les regards mais lorsque la mère attrape le mien, je comprends que je suis à blâmer pour avoir eu des yeux. Je tire une bouffée pour pouvoir prétendre que je regardais dans le vide, sans voir vraiment cette tranche de vie. Je ne saurais trop dire ce qui y était inacceptable : laisser le gamin pisser là plutôt que de chercher des toilettes (mais et s'il avait vraiment besoin d'y aller ?), l'essuyer (plutôt que quoi, ne pas essuyer), l'essuyer tendrement ? Il y faudrait de la sauvagerie ?
Je ne sais plus. L'inhabituel n'est peut-être pas criminel.
Elle me jette un dernier coup d'oeil furieux tandis qu'elle guide son fils vers la sortie du parc. Oh, je comprends tout à coup.
Ca n'était pas la scène le problème, c'était la clope. Je suis le coupable ici. Tout est normal.

[Aléa]

"Sais tu danser la rumba du raté ? Non? Allez , prends mes mains et suis mes pas !
C'est simple !
Il suffit de me tordre un doigt, sans faire exprès s'entend, me griffer le bras.
Ne penses pas, laisses toi faire et reste toi!
Tu l'aimes, mon decolleté n'est-ce pas ?
Aie!
Voilà c'est ça, écrase mooooi....
Les pieds!
Tendrrrrement!
Sois maladroit, frappe des tes dents
Contre les miennes,
Collés serrés de cheveux coincéééés!"

Je me suis cogné sur une porte. Le doigt de pied. Demi tour, j'y pense et puis j'oublie -pour ne plus avoir mal-. Je me suis cogné sur une porte. Le coude. Fourmis jusqu'au petit doigts, je sautille, j'y pense, et puis j'oublie -parce qu'il le faut. Je me suis cogné sur une porte. Le genou. Encore, je me rappelle, comme la semaine dernière. Je me suis cogné contre une porte. Encore. J'ai pris de l'élan et je me suis cogné sur une porte. Je me suis cogné sur une porte. J e me suis cogné sur une porte. J'ai voulu pleurer, taper des pieds, taper dans la porte ; j'ai un oeil au berre noir, des doigts de pieds cassés et je saigne des phalanges. J'ai réfléchi. Ca m'a fait mal parce qu'en y pensant, je me cognait sur une porte. Une autre. J'ai essayé d'une autre façon, seule la couleur à changé. Calmement je suis passé, l'encablure m'a rapé le haut de la tête. Je ne me suis pas cogné. Je n'ai pas oublié. Je ne me suis pas enervé. Je n'ai pas tellement reflechi. Je ne me suis pas cogné ! J'ai ramassé le haut de mon crâne, tombé sur le sol, et j'ai remis le calot sur le haut de ma tête, sans manquer de saluer cette porte. C'est comme ça que je marchande avec les portes, désormais.


Voyez mes amis, c'est un secret lourd que je porte ce soir de mes lèvres à vos yeux, sans passer par vos coeurs car je n'ai pas le temps. J'esquive, j'évite, je m'éparpille, me désagrège, je fond, me dissout dans le réel corrosif pour mes pensées chimèriques, ce simple mot là, oedipien, impossible d'en faire une histoire, je crois que tout s'éclaire, je serai moins borné, buté, maladroit maladif, si j'admettais ce simple fait que j'aime ma mère...

[extasy]

René, c'est vraiment un sale type. Le genre de gars capable de crever votre bonheur pour son propre plaisir. Un homme comme on ne devrait pas en faire, avec de la boue à la place du cœur. Un déchet, un sans-âme, juste un tas de merde et d'urine sur pattes, à renifler la moindre occasion de vous baiser si vous le laissez faire.
- Tu devrais arrêter de boire, René, je murmure.
Il ne m'écoute pas, occupé à lécher sa canette de bière affalé sur son canapé, torse nul, le caleçon tâché de jaune. Comment a-t-il pu tomber aussi bas ?
- Arrête, René.
Mais il ne m'écoute pas. René, il n'écoute personne. Pas sûr qu'il ait encore un cerveau. Il n'existe que par son corps. Son corps œdipien qui cherche quelque chose - quoi, personne ne le sait, surtout pas lui. A chaque soir, quand il rentre ivre, éreinté d'avoir cherché sans trouver, croulant sur lui-même, j'ai peur de ce qu'il aurait pu faire, des personnes qu'il aurait pu briser.
- René...
Mais il ne m'écoutera jamais. Il ferme les yeux et vomit, couché sur le canapé. Un ruisseau de souffrance qui coule, coule.
René, il ignore qui il est. Il marchande sans cesse avec lui-même, tentant de se trouver un coin quelque part en lui où il pourrait sourire sans avoir honte. Mais il a blessé trop de choses déjà, c'est trop tard. Son corps et son âme ne sont que deux visages pour un même tombeau. Il est trop tard pour René. Il ne rouvrira pas les yeux. C'est mieux ainsi, pour tout le monde.
Pourtant, je ne peux pas m'en empêcher, je me penche vers lui et j'embrasse tendrement ses lèvres souillées.

(bon, pas terrible, je sais, et j'ai mis tellement de temps !)

[Chouc]

Rémi, très bien joué, t'es en grande forme ce soir 

Bapt, ravie de te revoir  On sent effectivement un léger manque de temps pour approfondir mais y adéjà une belle matière, c'est chouette.

Barnacle, toi aussi tu es très en forme  Belle tranche de vie, il ne s'y passe presque rien et tellement de chose à la fois, j'adore.

Ben G, je préconise de l'arnica à haute dose  C'est très bien écrit, captivant et prenant à la fois, merci.

Exta, c'est loin d'être mauvais au contraire !  Ça aurait juste mérité d'être un peu plus approfondi mais le timing est limité. "oedipien" n'est pas très bien amené mais en dehors de ça, la mécanique est bien huilée. On discerne un peu de tes lectures actuelles là-dessous  .

[Rémi]

Bapt', joli hommage aux passantes (à toutes celles qu'on aime, pendant quelques instants secrets). De très beau passages, la quatrième strophe est ma préférée, très chouette. (la prochaine fois, le challenge c'est de poster la version audio ? faudrait un peu plus de temps, mais ça serait sympa un dico en chanson)

Alex, c'est pas mauvais ! Juste la chute pourrait être plus brutale. En fait, y a un peu de distance dans ta narration, pas évident aussi avec imparfait et pqp.

barnacle, c'est bien écrit, l'ambiance est là. Le twist sur la fin est pas amené de façon super subtile cela dit. 

Ben, ta rumba est super, et la fin du texte est... folle. J'aime beaucoup.

c'est un secret lourd que je porte ce soir de mes lèvres à vos yeux, sans passer par vos coeurs car je n'ai pas le temps.

Chouette texte. La rengaine de la porte est super dynamique, tourbillonnante... ouch !

exta, j'aime beaucoup. C'est assez pathétique, mais la progression du dégoût à la pitié est bien menée, avec un surprenant regard extérieur à la fin, plein d'amour lorsque la mort surgit.

[barnacle]

Rémi : bah le crayon est un symbole phallique et la psy un substitut courant de la mère donc oedipien oui, oedipien. (très bien mené, comme d'hab)
Baptiste : pas sûr du premier couplet (un peu une mise en marche), mais sinon c'est bien foutu, précisément tendre.
Choucroute :  le coup de la corde unique à l'arc est chouette, et le reste pas si mal, juste un peu trop précipité.
Ben : plein de petits trucs intelligents pour diriger ce bordel, chaos de l'inconscience et de la conscience de l'esquive et de l'esquive de la conscience de l'esquive.
extasy : je crois qu'il manque juste quelque chose au niveau du narrateur/de la narratrice, et l'oedipien est un peu juste là pour la forme, mais c'est solide sinon.

[Aléa]

Très fort rémi !!

Bapt tout ces mots fonctionnent très bien 

Chouc très bon twist ca a marché sur moi !  (dans le sens où je me demandais un peu où ca allait ce rencard exactement et paf, bon contrepied)

Barnacle j'ai un peu moins accroché, comme dit rémi la chute est pas hyper impactante, mais le flot de pensée et le jeu de pensée/perception/prise de conscience est bien restranscrit !

Et exta si, c'était bien écrit  On retrouve un peu tes persos, comment dire "totaux" (pour pas dire entier, mais rah, je crois que tu vois ce que je veux dire, peut être?) et ca fonctionne (par contre jsuis un peu d'accord pour le oedipien, mais c'est pas grave :p )

[extasy]

J'aime plutôt beaucoup Rémi, beau rythme, imagé quand il faut, dynamique. Juste cette phrase :

Pour un peu je la plaindrais.

Est à mon avis de trop, je ne sais pas pourquoi j'ai cette impression.
La dernière phrase est à prendre au... premier degré ?

Bapt j'adore, surtout le dernier quatrain, la vache ce que c'est bien tourné.

Chouc', je suis un tout petit peu moins enthousiaste, surtout à cause de la chute, mais dans l'ensemble, toujours cette ironie mordante que j'aime (mais pas trop bien servie au milieu du texte je pense).

barnacle, très belle ambiance comme d'habitude. De petites trouvailles vachement sympa. Je suis un peu d'accord avec Rémi, je n'ai pas trouvé la chute super bien amenée.

Mais le gros ouf de la soirée pour moi c'est Ben ! Désolé mon vieux, pas de remarque constructive, contente-toi d'un bravo venant du fond du cœur 

Merci pour la soirée les amis

Edit :
Pardon pour le doublepost mais c'est de la plus haute importance :

On retrouve un peu tes persos, comment dire "totaux" (pour pas dire entier, mais rah, je crois que tu vois ce que je veux dire, peut être?)

Hem... comment dire... pas du tout

[Rémi]

La dernière phrase est à prendre au... premier degré ?

hé oui...


Merci beaucoup pour la soirée les amis, c'était très chouette, vous avez sorti de super textes ce soir encore.
Bises pour la peine tiens !

Edit :

Edit :
Pardon pour le doublepost mais c'est de la plus haute importance :
Citer
On retrouve un peu tes persos, comment dire "totaux" (pour pas dire entier, mais rah, je crois que tu vois ce que je veux dire, peut être?)
Hem... comment dire... pas du tout

bah si ! évident ! (mais c'est freudien  )

[Chouc]

Yep, merci à tous, bonne fin de soirée   

[barnacle]

C'était pas vraiment une chute ou un twist dans ma tête, c'est à la fin mais c'est juste un truc de plus qui arrive. Un regard de travers parce que tu fumes, ça n'avait pas vocation à être violent, c'est juste une petite banalité, à la limite un autre acte d'acceptabilité douteuse dans un parc ouais mais l'inversion n'était pas là pour impressionner.
Je suis un peu surpris qu'on y voit quelque chose de brutal, mais bon. Je contrôle rien.

Soirée sympa, peuplée de jolis trucs à chaque manche. A la prochaine

[extasy]

bah si ! évident ! (mais c'est freudien  )

Ahahahahaha

Et en plus j'ai dit que je doublepostais alors que j'avais mis Edit juste en haut... lapsus.
Ok je sors

Edit :

C'était pas vraiment une chute ou un twist dans ma tête, c'est à la fin mais c'est juste un truc de plus qui arrive

l'inversion n'était pas recherchée.

Ah d'ac, je vois. C'est vrai que je fais souvent l'erreur d'attendre une chute avec de l'impact, c'est même étonnant que je fasse ça alors que moi-même je ne cherchais pas à faire ce que j'attendais de voir dans un autre texte.
Pardon du coup
Erreur de jugement de ma part, due à un vieux réflexe dont j'essaie de me débarrasser

[Chouc]

Perso j'avais pas lu ta fin comme un twist Barnacle, pour moi tout va bien (et j'ai vraiment aimé ton texte, peut-être mon préféré de la soirée).