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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » les deux retraités

Auteur Sujet: les deux retraités  (Lu 710 fois)

Hors ligne Babataher

  • Troubadour
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les deux retraités
« le: 17 janvier 2014 à 07:53:22 »
Depuis leur retraite, deux septuagénaires avaient pris l’habitude de se rencontrer. Ils se réfugiaient le dimanche matin dans un jardin. Et là sous l’ombre des arbres, ils discutaient, ils analysaient, ils commentaient l’actualité. Les bonnes nouvelles les réconfortaient ; les mauvaises les épouvantaient. Par leur radotage, ils s’acquittaient de leur devoir de citoyen. Parfois ils se contentaient d’évoquer leurs souvenirs, les moments inoubliables de leur passé. Ils éclipsaient ainsi la misère de leur pension, la monotonie d’une vie crépusculaire. C’était comme une évasion qui leur faisait du bien, beaucoup de bien.

Ce dimanche, avec la ponctualité des nouvelles recrues, ils se rencontrèrent au même endroit. Le grand vieux de sa voix calme et trainante s’adressa à son ami :

−Ah mon ami combien ce temps libre nous accapare ! Allons-nous rafraichir à l’ombre. Cet espace vert est vraiment magique, ne trouves-tu pas ? À moi il me fait l’impression d’une oasis. Je remercierai toujours le ciel d’avoir inspiré les hommes qui ont crée ce simulacre de la nature.  Tous  ces édifices qui assiègent notre  vue sont d’une austérité grotesque.

Le petit vieux, épuisé par sa longue carrière, donnait l’impression d’une gélatine difforme ; son visage paraissait comme un parchemin froissé. Il hésita un moment, ne sachant pas si son compagnon s’adressait à lui ou s’exprimait tout seul, puis il marmonna :

−Oui, tout à fait, mon ami… Mais nous en avons déjà parlé… J’ai moi aussi un penchant pour ces lieux où l’on voit encore des arbres… Où l’on entend encore des oiseaux. 

A force de se coudoyer, les deux vétérans communiquaient par le silence beaucoup plus que par les paroles. Comme ils avaient tous les deux enterré et leurs femmes et leur virilité, ils bavardaient sans gêne et brisaient tous les tabous. Souvent la même pensée traversait leurs esprits. Mais au fil du temps, au lieu de les distraire, les discussions les épuisaient. Aussi essayaient-ils à chaque rencontre de se comprendre à demi-mot, d’être plus inventifs, enfin autant que pouvaient l’être deux personnes séniles au bout du rouleau.

−Tu l’aimerais rapide ou lente ? Demanda le grand vieux relativement plus bavard.

Surpris par la question insolite, le petit vieux,  hésita avant de répondre. Il ignorait si son ami faisait allusion à une femme, à l’orgasme ou tout simplement au coït. Et, ne voulant surtout pas paraitre idiot, se hasarda :

−Heu, je la préfère lente ! Et toi comment… Tu la veux ?
−Moi je la préfère rapide! Subite ! Tu vois c’est comme une explication ; quand elle est claire ça sert à rien de rabâcher. Il faut aller droit au but. Et puis moi je ne supporterai pas la langueur. Tu aimerais la rencontrer ailleurs ou chez toi ?

−Peu importe le lieu, enchaina le petit vieux se barricadant  toujours dans la confusion, pourvu qu’il y ait un lit ! Ce qui compte c’est surtout la lenteur. Qu’elle me prenne avec douceur dans ses bras sans que je sache à quoi elle ressemble. Et puis quand c’est lent, ça te donne le temps, le temps d’apprécier, de voir venir, de comprendre certaines vibrations. Par où ça commence, et comment tu te vides de ta substance. Et toi ?

−Tiens, ton masochisme me surprend. Moi,  eh bien moi quand j’y pense, parce que je te l’avoue je n’aime pas y penser, je n’aimerais pas la voir venir ! Mais si elle insiste, j’aimerais que ça se passe pendant mon sommeil. Je voudrais qu’elle me prenne dans ses bras, comme toi, avec délicatesse, qu’elle me caresse sans souffrir le martyre. Qu’elle m’emporte comme dans un rêve. Oui, j’aimerais bien ne pas savoir qu’elle est là, ne pas sentir son approche. Qu’elle me prenne à l’improviste sans crier gare ! La délivrance, vois-tu, n’est totale que lorsqu’elle est brutale. Mais, si tu penses que ça se passe comme une jouissance érotique, personne ne pourrait te contredire, car en vérité personne n’en a fait l’expérience ; peut être des miraculés, mais ceux là, tu le sais bien, ils sont vraiment rares.

Le grand vieux remarqua,  d’après le regard voilé de son ami, que ce dernier n’était pas sur la même longueur d’onde, ou du moins dissimulait un début de surdité ; il  crût bon de lui préciser qu’il faisait allusion à autre chose.

« Modifié: 17 janvier 2014 à 18:11:59 par Babataher »
Une phrase n'est bien construite que si elle est écrite de telle manière que personne ne remarque qu'elle a été construite.

Eveil

  • Invité
Re : les deux retraités
« Réponse #1 le: 17 janvier 2014 à 12:57:41 »
salut !

Je l'ai vu comme un petit texte écrit rapidement, qui n'avait pas d'autres ambitions que celle d'être sympathique. (c'est ça ?)
En partant de cette base, bin ça se lit correctement, ça casse pas des briques (parce que plus long, je pense pas que j'aurais été jusqu'au bout :mrgreen:), mais pour moi l'écriture est au service de l'histoire ici, donc elle passe au second plan, fin c'est ma vision de la chose hein.

Je trouve la dernière phrase pas nécessaire, en ce qui me concerne, je l'avais pigé dès la réplique avec "subite". Donc tu pourrais peut-être remanier la fin, l'amener d'une autre façon, garder le mot "mort", pourquoi pas, ou l'enlever en jouant plus sur la suggestion.

Citer
−Ah mon ami combien ce temps libre nous accapare ! Allons-nous rafraichir à l’ombre. Cet espace vert est vraiment magique, ne trouves-tu pas ? À moi il me fait l’impression d’une oasis. Je remercierai toujours le ciel d’avoir inspiré les hommes qui ont crée ce simulacre de la nature.  Tous  ces édifices qui assiègent notre  vue sont d’une austérité grotesque.
manquerait pas deux virgules ? Et j'aurais mis "Ah mon ami ! combien...", ou une virgule, et puis "à moi, il me...". C'est vraiment des broutilles, l'écriture est propre sinon. ;)

"je ne supporterais" ? Et un autre truc, "demanda" minuscule, pour l'incise, espace avant "!" pour "rapide", "en se barricadant" ? Bon allez j'arrête, c'est vraiment que je sais plus quoi dire. :mrgreen:

a+ !

« Modifié: 17 janvier 2014 à 13:00:19 par Eveil »

Hors ligne Babataher

  • Troubadour
  • Messages: 392
Re : les deux retraités
« Réponse #2 le: 17 janvier 2014 à 18:10:07 »
Salut Eveil,
Bien vu, je n'adhère pas totalement à la vision  de l'écriture au service de l'histoire, ici le quiproquo, qui était l'objectif, n'a pas été bien maitrisé je l'admets. Mais des vieux qui n'ont rien à se raconter peut servir de substrat à une histoire.
Merci.
Une phrase n'est bien construite que si elle est écrite de telle manière que personne ne remarque qu'elle a été construite.

Hors ligne Unreal

  • Tabellion
  • Messages: 53
Re : les deux retraités
« Réponse #3 le: 17 janvier 2014 à 19:03:11 »
Hello!

Alors, bon j'avais compris dès le départ en fait qu'ils ne se comprenaient pas. Un parlait de la mort et l'autre de sexe, j'y suis?

La fin est un peu jetée comme ça l'air de rien. J'aurais aimé un peu plus de subtilité. Tu peux rallonger leur échange, les faire dévier sur d'autres choses tout en gardant le quiproquo de base. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre  :o

L'idée est bonne mais manque un peu de profondeur. Essaye de jouer avec ça pour nous en dresser un tableau plus profond en creusant les personnages! Torture les un petit peu, fait les vivre! Apparemment c'est un échange qu'il n'ont pas l'habitude d'avoir, donc autant aller plus loin!
De plus, tu expliques clairement qu'ils ne prennent plus de gants quand ils se parlent, alors pourquoi ne pas rajouter un peu de dérision? Les vieux sont souvent comme ça. Qui plus est, des hommes âgés, pour le vivre au quotidien, ils ont ce côté naïf et mignon qu'on retrouve souvent chez les enfants! Exploite le!

Il y a quelque chose à faire et j'adhère à fond à l'idée de base mais retravaille le pour aller plus loin.

Au plaisir  :P
"Il est puni. Quand, à l'école, on lui a demandé ce qu'étaient les suicidés, il a répondu : 'Les habitants de la Suisse.' " - Jean TEULE

 


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